DU CÔTÉ DES MÉDECINS LIBÉRAUX
DrMartial Olivier-Koehret, président de MG-France
«Il y a une majorité pour le président de la République. Maintenant, il faut se mettre rapidement au travail car les sujets sont nombreux et essentiels. Sur la santé, nous attendons une autre politique qui permette de réguler les entrées à l'hôpital, d'opérer un rééquilibrage au profit de la ville et surtout de donner de nouveaux moyens financiers à la médecine ambulatoire et à la médecine générale.
Je constate que Philippe Bas qui, à l'Assemblée nationale, avait qualifié de “nuisance” les opposants à la convention, a été sèchement battu... La nouvelle majorité doit s'appuyer sur les syndicats médicaux majoritaires. J'attends par ailleurs un responsable ministériel à plein temps sur les questions de santé qui soit notre interlocuteur... sans partager son agenda avec le ministère des Sports: dès cette semaine, nous sommes prêts à travailler avec quelqu'un dans l'espoir d'obtenir ce rééquilibrage indispensable au profit de la ville. Le temps presse: quoi qu'en dise la Cnam [Caisse nationale d'assurance-maladie] , les médecins généralistes ont perdu du pouvoir d'achat en 2006.»
DrMichel Chassang, président de la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français)
«A la présidentielle, les gens avaient choisi une autre politique. Aux législatives, même si la majorité présidentielle est nette et sans “social”. En clair, le gouvernement devra composer à la fois avec l'esprit libéral et les considérations sociales. Cela est particulièrement vrai pour la santé et ce dosage convient bien à la Csmf, syndicat libéral et social. Ce deuxième tour est une forme d'avertissement.
Sur la santé, il faut avancer. Le débat sur la TVA sociale a surtout montré que la réforme du financement de la protection sociale doit être réalisée. La réforme de l'hôpital est également en jachère. Pour la suite, il est possible que Roselyne Bachelot soit “affublée” d'un secrétaire d'Etat, ce qui diluerait encore plus le pouvoir. Quant à Philippe Bas, son prédécesseur à la Santé, je note qu'il a été victime de son manque d'ancrage local et de notoriété.»
DrJean-Claude Régi, président de la FMF (Fédération des médecins de France)
«On parle de rééquilibrage, ce sont des paroles. Je note que la majorité à l'Assemblée nationale est plus que confortable. La gauche a profité d'une importante mobilisation de son électorat pendant l'entre-deux-tours tandis qu'il y a sans doute eu une démobilisation de la droite car on annonçait la vague bleue acquise. Un rééquilibrage démocratique s'est produit, c'est très bien, mais la gauche devrait se garder de tout triomphalisme. La majorité doit maintenant se mettre au travail en écoutant tout le monde et en continuant dans cet esprit d'ouverture. J'attends du gouvernement qu'il applique son programme. Il n'y a rien de pire que d'annoncer des ruptures et des changements de méthode et de reculer. Parlons du financement de la Sécurité sociale et du déficit. La TVA dite “sociale” est une piste à étudier.»
DrClaude Bronner, président d'Espace Généraliste
«Je vois d'un bon oeil ce rééquilibrage entre la gauche et la droite même si je regrette une bipolarisation excessive qui ne prend pas en compte toutes les susceptibilités politiques. Pendant cet entre-deux-tours, des sujets qui nous concernent directement, nous médecins, qu'il s'agisse de la TVA sociale et de la franchise, ont modifié la donne. La plupart des syndicats médicaux se sont montrés prudents sur ces sujets, mais le gouvernement n'a pas écouté les gens de terrain. Ces résultats montrent que le gouvernement devra faire bien attention en préparant les prochaines réformes. Nous attendons de la prochaine assemblée qu'elle se penche sur les problèmes de santé. L'objectif national des dépenses d'assurance-maladie [Ondam] des soins de ville devra être revu à la hausse en 2008. Il est temps également de se rendre compte que l'on peut dépenser moins en mettant en place des filières de soins et en définissant mieux les rôles entre l'hôpital et la médecine de ville.»
DrDinorino Cabrera, président du SML (Syndicat des médecins libéraux)
«Une nouvelle fois, les sondeurs se sont trompés royalement. Le risque était de dire que les uns avaient déjà gagné. J'observe tout de même que l'Assemblée nationale dispose d'une majorité forte et d'une opposition forte aussi, ce qui n'est pas mal non plus. La santé était absente des élections présidentielles, elle est entrée au coeur des débats dans ces législatives. Je pense que, en plus du sursaut des abstentionnistes, le Parti socialiste a refait une partie de son retard grâce au débat sur la TVA sociale. La majorité n'a pas su s'expliquer et la gauche a tapé où ça faisait mal. Je regrette que le débat n'ait pas eu lieu avant ce scrutin. Nous demandons depuis plusieurs mois avec l'Union nationale des professions de santé (Unps) que l'on parle du financement de l'assurance-maladie et des nécessaires recettes à trouver. Lors du prochain Ondam, l'Assemblée devra avoir le courage de dire qu'il y a des choses à faire à l'hôpital. Le débat devra être un jour ou l'autre sur la place publique.»
DrFélix Benouaich, président d'Alliance
«Sarkozy a une majorité claire pour les réformes, sa politique n'est pas remise en cause. Mais la poussée de la gauche, même si elle est difficile à interpréter, est sans doute utile pour avancer et nourrir le débat. Sur la santé, on peut penser que les assurés sociaux ont manifesté la volonté de ne pas être surchargés. Cela vaut pour la franchise sur les dépenses. La TVA sociale a peut-être joué dans les résultats. Pour ma part, je me doutais que la victoire de la droite ne serait pas aussi écrasante qu'on le disait. Ce n'est peut-être pas une mauvaise chose. Dans les milieux médicaux par exemple, certains ne voyaient pas d'un bon oeil le retour de Juppé. Cela dit, je suis surpris par certaines réactions de la gauche qui donnent l'impression qu'elle a gagné. Elle a seulement limité les dégâts. Pour ma part, je suis disposé à travailler et je rencontrerai Roselyne Bachelot pendant la deuxième quinzaine de juillet.»
DU CÔTÉ DES MÉDECINS HOSPITALIERS
DrRachel Bocher, présidente de l'Inph (Intersyndicat national ès praticiens hospitaliers)
«Ce second tour marque un rééquilibrage des institutions et c'est une bonne chose. Grâce à cela, nous aurons un débat plus riche et plus juste,notamment sur les questions de santé qui ont été si absentes des débats pendant la campagne présidentielle. Dans cette nouvelle configuration, l'Inph entend bien se faire entendre. Nous avons toujours été reçus régulièrement par les groupes parlementaires, nous espérons bien sûr continuer à l'être et par tous les groupes, celui de l'opposition comme celui de la majorité puisque l'UMP n'a pas fait le score écrasant que l'on nous promettait. Sur la santé en particulier, nous allons avoir un débat sur des dossiers aujourd'hui essentiels: l'accès aux soins, par le biais de la franchise et des restructurations; les transferts de compétences qui vont être d'actualité avec la démographie médicale.»
DrFrançois Aubart, président de la CMH (Coordination médicale hospitalière)
«Une nouvelle législature commence. Il me semble que la médecine en général et l'hôpital en particulier ont maintenant besoin d'un message politique et que celui-ci doit comporter trois éléments. Il doit parler d'abord d'unicité de la médecine car des chantiers comme les agences régionales de santé, les futures ARS ou la démographie médicale n'auront, sans cela, pas plus de sens demain qu'hier. Second élément: la qualité. Il faut, bien sûr, tenir compte de la quantité. Mais si l'on oublie la qualité, on entre dans un cycle de productivisme préoccupant. Enfin, il faut se pencher sur les modalités de l'existence du service public hospitalier. Sur ce point, nous avons déjà eu l'annonce d'une réflexion sur les missions de l'hôpital: il va falloir dans ce cadre clairement définir ce à quoi l'hôpital doit répondre et avec quels moyens. Et, bien sûr, faire en sorte que le service public dispose des moyens de ses missions.»
DrPierre Faraggi, président de la CPH (Confédération des praticiens des hôpitaux)
«Comme d'habitude, les électeurs nous surprennent. Dans une réaction d'équilibre, ils viennent compenser ce qu'il y a d'outrancier dans un résultat. En tant que président de la CPH, je prends acte de ce second tour: il y a une majorité; nos interlocuteurs ont été démocratiquement mandatés. Nous allons maintenant mettre en oeuvre toute notre diligence syndicale pour faire avancer les dossiers qui nous tiennent à coeur. J'ai entendu le Premier ministre énumérer les réformes qu'il entendait lancer au pas de charge; aucune ne concerne, pour l'instant, la santé. Cela étant, il a été question à plusieurs reprises, ces dernières semaines, d'une nouvelle réforme de l'hôpital. Cela me semble superfétatoire. A force de réformes, l'hôpital va se mettre à scintiller. Il faut que l'on nous dise exactement quelle politique va y être mise en oeuvre, c'est une priorité. Par ailleurs, la réforme de la justice en préparation va comporter des dispositions concernant les délinquants sexuels avec une systématisation des injonctions de soins. On nous annonce sur ce point une fenêtre de discussion d'une semaine, par téléphone ou par mail, faute de temps. Cela me paraît un peu hasardeux et un peu excessif, d'autant que les professionnels –magistrats ou psychiatres– sont très mal à l'aise par rapport à des propositions aussi radicales. Voilà un exemple où les choses semblent s'emballer un peu. Nous avons besoin d'avoir un dialogue franc et tonique avec nos nouveaux interlocuteurs.»
Bachelot réélue, Bas battu
Députée sortante dans la première circonscription du Maine-et-Loire (à Angers), opposée au socialiste Luc Belot, la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports a été réélue avec 54,67 % des suffrages.
Le dernier ministre de la Santé du précédent quinquennat, Philippe Bas a, quant à lui, été battu : les 42,14 % des voix récoltées à Avranches, dans la deuxième circonscription de la Manche, n'ont pas suffi dans le duel fratricide qui l'opposait à son adversaire divers droite Guénhaël Huet (57,86 %).
Rappelons que les ministres Eric Woerth (Budget, Comptes publics et Fonction publique), Xavier Bertrand (Travail) et Valérie Pécresse (Enseignement supérieur et Recherche) avaient, dans leur circonscription, été élus dès le premier tour.
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