Dix ans après leur apparition en EHPAD

Les médecins coordonnateurs veulent s’affirmer dans le parcours de soins

Publié le 27/11/2014
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« Les médecins coordonnateurs ont-ils la niaque ? » À la question posée en ouverture de leurs 12es assises nationales par Luc Broussy, expert socialiste du grand âge, directeur de publication du « Journal du médecin coordonnateur », il n’existe pas de réponse tranchée.

Combien sont les « médecins co » ? Aucun chiffre officiel, car les plus de 10 000 structures pour personnes âgées jonglent avec des temps partiels. Une enquête nationale*, menée auprès de 600 médecins coordonnateurs, permet en revanche d’en dessiner la silhouette. La profession s’est féminisée et atteint la parité. Leur âge moyen est de 54 ans ; les 50-59 ans représentent 38 % des effectifs, les 60-70 ans sont 29 %.

La moitié travaille pour un établissement, 44 % pour 2 et 34 % sont aussi médecin traitant. La durée de travail oscille entre moins d’un mi-temps (pour un quart des médecins) et davantage, jusqu’au temps plein (28 %). Les médecins coordonnateurs ont déclaré un salaire mensuel moyen de 2 647 euros net (chiffre non pondéré par le temps).

Besoin de clarification

Plus de la moitié des « médecins co » se plaignent d’un manque de reconnaissance, un sentiment qui n’entache pourtant pas leur volonté de poursuivre dans cette même voie (43 %). Quelque 60 % se sentent intégrés au parcours de soins.

« Plus qu’un manque de reconnaissance, je ressens un besoin de clarification et d’une intégration au parcours de soins plus formalisée », nuance le Dr Nathalie Maubourguet, présidente de la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs (FFAMCO).

Les conventions tripartites signées avec l’hospitalisation à domicile sont pour l’heure des coquilles vides. Seulement 4 % des coordonnateurs les utilisent souvent.

Les relations avec les médecins traitants, surtout, sont tumultueuses. Selon l’enquête du « Journal du médecin coordonnateur », 40 % des praticiens les considèrent comme bonnes. Une autre étude du Dr Carlo Sada révèle de nombreuses doléances. La moitié d’un panel de 300 coordonnateurs estime que les rencontres avec les généralistes sont sporadiques. Et si dans 80 % des cas, la commission de coordination gériatrique se réunit une fois par an, moins d’un quart des généralistes y participe. « Dans mon établissement 6 généralistes suivent 80 % des réunions. Vingt autres suivent 20 résidents : ce sont eux les intouchables, des médecins qui ne veulent pas exercer en EHPAD et n’osent pas quitter leurs patients » témoigne le Dr Isabelle Kurtzemann.

Les médecins coordonnateurs peuvent, depuis 2011, réaliser des prescriptions en cas d’urgence, lors de risques collectifs. Plus de la moitié demande l’élargissement de leur pouvoir de prescription (53 %). D’aucuns voudraient le limiter à la prise en charge de la douleur et aux troubles du comportement. « Il faudra aussi convaincre l’Ordre des médecins et les généralistes. Pour l’instant, c’est "touche pas à mon poste" » résume le Dr Maubourguet.

*Enquête réalisée sur un mois par le « Journal du médecin coordonnateur », à laquelle ont répondu 594 médecins coordonnateurs, exerçant dans le public (26 %), le privé associatif (27 %), ou le privé commercial (23 %).

Coline Garré

Source : Le Quotidien du Médecin: 9369