L'évolution du métier de praticien-conseil était au centre des discussions en ateliers du congrès du Groupe d'études médicales de l'assurance-maladie (GEMAM), qui a rassemblé à Beaune 236 médecins, chirurgiens-dentistes et pharmaciens des caisses, tous régimes confondus (« le Quotidien » du 24 septembre).
Quelques jours plus tôt, le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, avait annoncé une réforme des services médicaux dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2003, visant à réorienter leur missions. Le ministre souhaite en effet que les services médicaux aient « un rôle de conseil et d'accompagnement beaucoup plus que de contrôle ».
Une clarification bienvenue chez les praticiens-conseils un peu désorientés par l'évolution de leur métier au fil des ans et leurs « missions multiples à objectifs divergents ».
Dans un atelier consacré aux « paradoxes et contradictions » de leur profession, ils ont en effet constaté que « le métier originel d'expertise médico-sociale est en perte de vitesse au profit d'activités dites de santé publique ».
D'abord « conseillers techniques des caisses, des assurés sociaux, des professionnels de santé », les praticiens-conseils ont été amenés à faire du conseil et de l'accompagnement « avec d'autres interlocuteurs, en particulier des agences existantes ou à venir, sous contrôle de l'Etat ».
Des missions plus claires
A la question : « La tâche des praticiens-conseils (vis-à-vis des professionnels de santé) est-elle celle d'un accompagnement ou d'un contrôle ? » les intéressés répondent que « la cohérence et la transparence dans un partenariat interactif privilégient plus un accompagnement qu'un contrôle ». En tout état de cause, les praticiens-conseils du GEMAM réunis à Beaune estiment que les contrôles « doivent être ciblés sur les comportements fortement déviants ».
Selon le Dr Tobie Zakia, président du GEMAM et médecin-conseil régional honoraire du régime général, « la majorité des médecins font déjà appel aux praticiens-conseils pour de l'accompagnement », même si les « maladresses » de certaines caisses ici ou là « dressent les syndicats médicaux contre eux ».
Les praticiens-conseils souhaitent « être écoutés » et « avoir des missions plus claires et non plus ondulantes selon les jours, en fonction des humeurs de leur conseil d'administration », souligne le Dr Zakia.
A priori, le président du GEMAM a « une perception très positive » de la réforme annoncée récemment par Jean-François Mattei, mais il « attend sa concrétisation dans les textes », c'est-à-dire dans la loi qui sera votée au Parlement et dans les circulaires de l'assurance-maladie.
Enfin, le Dr Zakia fait remarquer que le changement des fonctions et des pratiques entre médecins et caisses « devrait commencer dans les facultés de médecine ». « Pourquoi ne pas créer une chaire d'enseignement de la Sécurité sociale ? », suggère même le président du GEMAM pour préparer en amont les relations des médecins libéraux avec les services médicaux.
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