Les médecins élus de l’URPS de Bretagne ont pris à bras-le-corps le problème de l’accessibilité des cabinets libéraux aux personnes handicapées. Le dossier illustre les contraintes nouvelles qui compliquent l’exercice et peuvent décourager les vocations libérales les plus solides.
Selon une étude de 58 premiers diagnostics réalisés avec l’appui de l’URPS (1), 37 % des cabinets nécessiteraient des travaux qui relèvent de la copropriété. Problème : « souvent, les copropriétés ne répondent pas à la demande de travaux émanant d’un établissement recevant du public », a convenu M. Sorre, instructeur accessibilité à la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). En l’absence de réponse de la copropriété, comment le médecin peut-il justifier sa demande de dérogation ? La commission qui statue ne peut-elle pas faire cesser une activité ? Autant de question en suspens. Le cas récent d’un kiné, non autorisé à s’installer dans un local jugé inadapté, a été cité.
Au-delà du bien-fondé de cette obligation de mise aux normes, c’est l’incertitude administrative qui est source d’inquiétude. Et le caractère tatillon des procédures. « Dans 62 % des diagnostics analysés, la situation des sanitaires du cabinet est l’objet d’une observation, a déploré Cédric Biard, chargé de mission à l’URPS-ML. Ce point nous semble absurde et même contre-productif ». Rapidement évoquée, une solution serait de privatiser cet espace. Conscient de ces points litigieux, le technicien de la DDTM a reconnu qu’« on préférera un sanitaire non-conforme à un sanitaire privé »...
Lapins et tiers payant...
Autre grand sujet de mécontentement libéral : les « lapins », ces trop nombreux rendez-vous non honorés et non annulés par les patients. « Selon notre enquête effectuée auprès des médecins libéraux de Franche-Comté, six rendez-vous ne sont ni honorés ni annulés, par semaine et par médecin, a explique le Dr Christine Bertin-Belot, présidente de l’URPS-ML de cette région. Ce qui correspond à deux heures de temps médical. Ce phénomène touche davantage les spécialistes. »
Un élément du même sondage ajoute à la crispation : 60 % de ces rendez-vous non honorés sont le fait de bénéficiaires du tiers payant. Le sujet est brûlant puisque le gouvernement est déterminé à généraliser la dispense d’avance des frais en ville à l’horizon 2017. Faut-il faire payer les patients qui « abusent » ? Les refuser carrément ? La sensibilisation du public, à travers une charte du patient, est recommandée.
Le Dr Jean-François Salaun, pédiatre à Saint-Brieuc, et ses associés, ont tenté de remédier de cette façon au problème des rendez-vous non honorés. Mais les actions mises en place (brochure rappelant les droits et devoirs de chaque partie, possibilité de rendez-vous sur Internet, affichage dans les salles d’attente du nombre de « lapins » mois par mois) n’ont guère permis d’endiguer le phénomène.
(1) L’URPS ML de Bretagne a négocié avec un prestataire un tarif pour la réalisation d’un diagnostic du cabinet.
Le site www.accessibilite.gouv.fr met en ligne un simulateur qui peut permettre d’établir un pré-diagnostic.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature