De notre correspondant
Le 106e congrès annuel des médecins allemands s'est ouvert mardi à Cologne sous le signe de la réforme de la santé préparée par le gouvernement. Un plan qui prévoit de donner aux généralistes une fonction de référent, tout en laissant aux patients qui désirent consulter un spécialiste sans passer par un généraliste la latitude de le faire à condition de s'acquitter d'un ticket modérateur de 15 euros par traitement spécialisé et par trimestre.
Bien que la ministre Ulla Schmidt ait assuré une nouvelle fois aux médecins « que la réforme ne se fera pas contre eux », ils continuent de rejeter « l'étatisation et le rationnement de la médecine » qui se profilent, selon eux, dans ce texte. C'est ce qu'a dit le président de l'ordre fédéral des médecins, le Pr Hoppe.
Le projet de création d'un « institut central pour la qualité de la médecine », appelé à définir des lignes directrices pour les principaux traitements, est pour les médecins le symbole parfait de cette « mise sous tutelle ».
Parallèlement à la création des référents, le gouvernement va réformer le système de conventionnement des spécialistes libéraux : ceux qui s'installeront après l'entrée en vigueur de la réforme devront signer des contrats individuels avec une seule caisse de maladie, alors qu'actuellement tout spécialiste peut soigner un assuré, quelle que soit la caisse à laquelle il est affilié (1). Ce système renforcera bien sûr le pouvoir des caisses sur les médecins, puisqu'elles pourront leur imposer leurs propres tarifs.
En outre, il fait voler en éclats le conventionnement collectif qui existait depuis plus d'un siècle entre l'ensemble des médecins et les caisses, et qui ne sera maintenu que pour les généralistes. Les syndicats multicatégoriels et les syndicats de spécialistes y voient « la mort de la médecine spécialisée libérale », et dénoncent de plus la complexité de la mesure : les patients affiliés à une caisse donnée ne pourront plus consulter que les spécialistes accrédités par cette dernière, et plus les autres ; de même, si un assuré de Munich a besoin par exemple d'un ORL au cours d'un voyage à Hambourg, il devra soit le payer de sa poche, puisque les caisses sont régionales, soit aller à l'hôpital, puisque toutes les caisses continueront sans distinction à prendre en charge les consultations spécialisées à l'hôpital.
Médicaments : vers un gros déremboursement
La réforme limitera en outre le nombre des médicaments remboursables et exclura tous les médicaments en vente libre qui, jusqu'à présent, étaient remboursés si un médecin les prescrivait. Elle relèvera les tickets modérateurs sur les médicaments prescrits, notamment pour les patients qui ne choisiront pas l'option « référent ». Ulla Schmidt souhaite « libérer l'assurance-maladie de toutes les prestations annexes non indispensables a la santé », y compris certaines cures et traitements de confort, mais aussi certaines méthodes de procréation médicalement assistée. Elle entend revoir les conditions de versement des indemnités de maladie et le remboursement des soins et prothèses dentaires, dont la prise en charge va diminuer drastiquement. Par ailleurs, le gouvernement va augmenter de 25 % le prix des cigarettes, qui passera a 4 euros par paquet. Cette hausse et la volonté du gouvernement de recentrer l'assurance-maladie sur ses missions indispensables, sont les seules mesures de la réforme approuvées sans réserve par les médecins, qui entendent rester mobilisés pour combattre les aspects du texte qu'ils jugent les plus dangereux.
(1) En Allemagne, il existe plus de 350 caisses maladie, qui proposent des prestations « obligatoires et « complémentaires » en fonction des cotisations payées par les assurés, qui peuvent choisir leur caisse. Le gouvernement souhaite par ailleurs diminuer le nombre des caisses et favoriser leurs regroupements, pour réduire leurs coûts de fonctionnement.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature