Dans le cadre de leur 115e congrès annuel qui vient de se tenir à Nuremberg, les médecins allemands ont rappelé, dans une déclaration solennelle, leur devoir de mémoire face à leur passé pendant les années du nazisme. Après avoir longtemps minimisé son rôle dans les crimes eugénistes du IIIeme Reich, le corps médical admet aujourd’hui que, loin de n’avoir été que l’exécutant de la politique nazie dans ce domaine, il en a souvent été aussi l’initiateur.
La « déclaration de Nuremberg » présente officiellement les excuses du corps médical aux victimes et aux familles des victimes des politiques eugénistes menées dès 1933 par les nazis. Plus de 350 000 personnes cataloguées comme « génétiquement malades » furent stérilisées de force. À partir de 1939, plus de 200 000 handicapés physiques et mentaux furent « euthanasiés », soit dans des centres spécialement construits dans ce but soit, après 1941, dans les camps de concentration. Après des années de silence, le corps médical allemand s’est attaché, surtout depuis la réunification du pays en 1990, à étudier en détail cette période noire et honteuse de son histoire.
Participation massive
Contrairement à une idée longtemps répandue, les médecins ont massivement adhéré à cette politique eugéniste, et ont contribué à sa « réussite » en dénonçant aux autorités de nombreux handicapés. La proportion de médecins membres du parti nazi était d’ailleurs, avec les juristes, la plus élevée parmi les professions universitaires.
En dehors des tristement célèbres médecins des camps de concentration, dont les crimes furent révélés lors des procès de Nuremberg, les recherches menées par des historiens indépendants ont montré, ces dernières années, la participation massive des médecins « de terrain » à la politique nazie. L’Ordre des médecins a largement encouragé ces recherches historiques, et a déjà consacré plusieurs congrès et déclarations à ce thème.
Toutefois, la déclaration de Nuremberg va plus loin que les textes précédents, car elle insiste sur l’implication générale du corps médical dans ces actes, y compris au niveau local et régional. De plus, soulignait le président de l’Ordre des médecins, le Dr Frank-Ulrich Montgomery, « le fait de tenir cette année notre congrès à Nuremberg imposait que nous nous exprimions ici sur ces crimes ».
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