Depuis plusieurs semaines déjà, la campagne pour les élections présidentielle et législatives a été l'occasion de franches explications entre le corps médical et la classe politique. Celle qui a été organisée sous l'égide de la Fédération des amicales des médecins de Paris aura été particulièrement éprouvante pour les représentants des partis politiques.
Après avoir écouté poliment l'énoncé de leurs programmes, la cinquantaine de médecins présents dans la salle ont en effet renvoyé dos à dos droite et gauche, leur attribuant une égale responsabilité dans l'origine du malaise des professions médicales qui défilent dans la rue. « Quand les dépenses de santé dérapent, que le gouvernement soit de gauche ou de droite, ce sont toujours les médecins qui trinquent », a lancé l'un des participants, qui s'estime sacrifié au nom des grands équilibres économiques de la nation.
Leur reprochant pêle-mêle les sanctions collectives, la fermeture du secteur à honoraires libres, leur incapacité à anticiper sur les effets de la démographie médicale, ils affirment ne pas voir ce qui, dans leurs propositions, différencient aujourd'hui les candidats.
Et de fait plusieurs options sont aujourd'hui partagées par ceux qui briguent les suffrages : meilleure définition des priorités de santé publique, gestion paritaire rénovée de la Sécurité sociale, maîtrise médicalisée des dépenses maladie qui ne doivent plus être indexées sur l'évolution du PIB, ou encore régionalisation du système de santé.
Des arguments qui n'ont pas convaincu
Face à ce scepticisme clairement affiché, les délégués à la santé de l'UDF, du RPR et du PS ont toutefois tenté de faire valoir leurs différences : loi de programmation de santé publique et plan quinquennal d'investissement financier pour rénover les équipements et les conditions d'exercice des professionnels pour le Dr Pierre Morange, délégué à la santé du RPR ; réduction des inégalités de santé par la définition de zones de santé prioritaires et approfondissement du dialogue entre médecins et patients pour le Dr Claude Pigement, du Parti socialiste. Quant au Dr Jean-Luc Préel, soutien de François Bayrou et secrétaire national à la santé de l'UDF, pour qui la gestion paritaire n'a aujourd'hui « plus de légitimité », il a plaidé, contrairement aux deux autres, pour une décentralisation de la gestion du système de santé.
En se renvoyant la balle au sujet des erreurs commises par le passé, les responsables santé des partis n'ont pas hésité, à l'instar des candidats à l'élection présidentielle, à adopter le ton de la polémique. « Lionel Jospin est au gouvernement depuis cinq ans, il est aujourd'hui difficilement légitime et crédible », a asséné le Dr Pierre Morange. « Le plan Juppé a, certes, instauré les sanctions collectives, mais Martine Aubry les a aggravées », a fait remarquer le Dr Jean-Luc Préel. Le délégué à la santé du PS a, de son côté, ironisé : « Avec Jacques Chirac, c'est Père Noël tous les jours. Il est pour la consultation à 20 euros, pour consacrer plus d'argent à la santé, pour rénover les équipements, et il préconise une diminution de 33 % des impôts. Moi, je demande : comment fait-on ? » Des arguments qui ont visiblement laissé de marbre l'assistance. « La seule façon de retrouver une crédibilité pour les candidats est de présenter aux électeurs les moyens qu'ils entendent réellement consacrer à la santé. Pour le reste, je ne vois pas de différence entre les orateurs », a conclu l'un des participants.
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