LE THE RENFERME de puissants antioxydants appartenant à la famille des polyphénols, qui ont fait l’objet de nombreux travaux dans différents domaines pathologiques. Cette activité antioxydante pourrait être intéressante dans le syndrome métabolique. Plusieurs études, chez l’homme et chez l’animal, ont montré une augmentation des principaux marqueurs biologiques de stress oxydant dans le syndrome métabolique : augmentation dans le plasma des lipides peroxydés, oxydation des protéines, altérations des acides nucléiques, modification des enzymes antioxydantes. De plus, l’hyperglycémie majore ce phénomène de stress oxydatif et l’accumulation de graisses abdominales et leur oxydation vont aussi générer des espèces radicalaires.
Le Pr Anne Marie Roussel et son équipe ont développé un modèle animal de « rat fructose », qui mime très bien ce qu’est le syndrome métabolique chez l’homme. Des rats nourris avec un régime très riche en fructose durant trois semaines développent tous les signes biologiques et cliniques du syndrome métabolique. Ils simulent la situation des adolescents (américains) consommant des sodas sucrés en excès.
Une protection vis-à-vis du stress oxydant.
Le Pr Roussel a étudié sur ce modèle de rat fructose l’effet antioxydant du thé, en mesurant différents marqueurs biologiques du stress oxydant. Les animaux étaient répartis en trois groupes, tous soumis à un régime riche en fructose : groupe 1 témoin ; groupe 2 recevant 1 g/kg de régime d’extraits de thé* et groupe 3 recevant 2 g/kg de régime d’extraits de thé – soit l’équivalent de 3 ou 6 tasses par jour chez l’homme. L’équipe du Pr Roussel, a ainsi observé, dans les groupes 2 et 3 recevant des extraits de thé : une protection des lipides plasmatiques vis-à-vis de l’oxydation, une diminution des dommages oxydatifs faits aux acides nucléiques, une régulation de l’activité enzymatique des systèmes de défense (SOD, GPx, catalase), et une moindre oxydation des protéines (groupes SH) et des systèmes endogènes antioxydants (glutathion). De plus, les effets n’étaient pas plus marqués dans le groupe 3 que dans le groupe 2, preuve que 2 g/kg ne faisaient pas mieux que 1 g/kg.
Pour sa part, le Dr Richard Anderson (centre de recherche de nutrition humaine Belstville, Washington, Etats-Unis) s’est intéressé à l’impact des extraits de thé sur la fonction insulinique. Dans un premier travail réalisé sur des adipocytes isolés de rats, il a montré que le thé augmentait l’activité de l’insuline en augmentant la vitesse d’utilisation du sucre. Cette observation indiquait un effet potentialisateur de l’insuline par les polyphénols du thé, notamment l’épigallocatechinegallate (Egcg). Cet effet potentialisateur de l’insuline a été étudié sur le modèle de rat fructose utilisé par le Pr Anne Marie Roussel. Comme elle, il a comparé trois groupes de rats soumis à un régime riche en fructose, dont un recevait 1 g/kg d’extraits de thé, un autre 2 g/kg et le troisième servait de témoin *.
Une activation de l’expression des gènes de la fonction insulinique.
Le chercheur américain a ainsi observé une diminution des taux de sucre, d’insuline et de triglycérides chez les animaux qui recevaient des extraits de thé. Le taux d’insuline était abaissé de 70 %, tandis qu’on notait des baisses significatives de l’oxydation des lipides, des groupes SH et des acides nucléiques. Afin d’étudier le mécanisme d’action de cet effet, le Dr Anderson a mesuré l’expression des gènes impliqués dans la fonction insulinique. Il a montré que l’amélioration de la sensibilité à l’insuline était associée à une activation de l’expression des gènes codant pour les principales protéines impliquées dans le transport du sucre, dans le fonctionnement du récepteur insulinique et dans d’autres molécules qui participent à l’augmentation de l’efficacité de l’insuline. Or les patients diabétiques présentent une baisse de l’activation des récepteurs insuliniques, altération susceptible d’être corrigée par l’ingestion d’extraits de thé. La question de la dose est, bien entendu, importante. Dans le travail du Dr Anderson, la dose de 1 g/kg d’extraits de thé vert obtenait la réponse optimale ; cela correspond à 3 tasses de thé par jour chez l’homme.
Une récente étude chez l’homme (FUKINO, 2005) a montré une corrélation positive entre les apports en polyphénols du thé vert et les taux d’insuline, renforçant l’hypothèse d’un rôle bénéfique sur l’insulinorésistance. Dans une autre étude (TSUNEKI, 2004), la poudre de thé vert améliorait la tolérance au glucose. Enfin, un travail français (Chantre et Lairon, 2002) a montré qu’une consommation journalière de thé vert (une tasse/jour) pendant trois mois réduisait de 4,6 % le poids de sujets obèses. Ces résultats demandent toutefois à être confirmés par d’autres études d’intervention chez l’homme.
* Les extraits de thé étaient fournis par Unilever Bestfoods (Lipton) et l’étude entrait dans le cadre du programme thé et santé de Lipton.
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