Le Temps de la Médecine : Habillés pour la santé
La mode des « baggies », ces pantalons vastes qui ballottent entre les jambes, assez typiques du monde des rappeurs, devrait connaître davantage de succès. Surtout pour son bénéfice sur la santé. De fait, lorsqu'on interroge un spécialiste, quelle que soit sa discipline, sur les troubles générés par des vêtements serrés, après quelques secondes de surprise, invariablement, il accuse le pantalon. En priorité, le jean moulant. Les symptômes répertoriés, dans l'ensemble des mineurs, varient selon la zone de pression et le sexe du porteur. Seul l'angiologue est loquace sur ce thème. Visiblement, le réseau veineux est le premier à pâtir de la mode près du corps (voir ci-dessous).
Ce jean ou ce pantalon étroit, donc, peut être responsable de douleurs testiculaires. En l'absence de toute autre cause, la confirmation diagnostique est faite par la disparition du symptôme en changeant d'habitude vestimentaire. Le Dr Richard-Olivier Fourcade (CH d'Auxerre) confirme, de plus, la responsabilité de ces vêtements dans certaines infertilités masculines par augmentation de la température testiculaire. A titre anecdotique, il rapporte qu'un slip réfrigérant a été mis au point. Par une circulation d'eau, en ambulatoire, il baisse la température dans l'environnement des bourses. Bourses ou périnée peuvent être également traumatisés, chez l'enfant, par des sous-vêtements serrés portés trop longtemps. Il s'agit de l'dème idiopathique du périnée, parfois dû également à une piqûre d'insecte. L'affection est indolore. Cliniquement, elle se traduit par une infiltration des bourses et du périnée.
Un mythe déboulonné
En favorisant la macération locale, le pantalon moulant peut être responsable de candidose des plis. Le sous-vêtement en synthétique, parfois porté par-dessous, facteur lui aussi de prolifération microbienne, est impliqué dans certaines cystites. En revanche, le Pr Quéreux (CHU de Reims) déboulonne un mythe : « Un pantalon serré n'a pas d'influence notable sur la survenue d'une mycose vaginale ou de leucorrhées. »
Trop ajusté à la taille, le pantalon pourrait favoriser ou majorer des troubles dyspeptiques. Avant l'apparition des IPP, explique le Pr Marc-André Bigard (Nancy), il était déconseillé de porter des pantalons serrés à la taille en cas de reflux gastro-sophagien. La pression risquait de majorer le reflux. « Ne portez pas de ceinture, mais plutôt des bretelles, avions-nous coutume de dire », se souvient-il. En cas de symptômes fonctionnels digestifs, de côlon irritable, cette taille resserrée favoriserait l'apparition, ou plutôt la sensation, de gaz intestinaux. Par un appui marqué sur les épines iliaques antéro-supérieures, cette ceinture trop marquée peut aussi déclencher une névralgie du nerf fémoro-cutané (face externe de la cuisse), notamment chez l'obèse, rapporte notre amie et collaboratrice, le Dr Caroline Martineau, rhumatologue (Paris).
Sur les membres inférieurs, ce pantalon serré crée des points de contact étroits. Le Dr Marika Rudler (hôpital Bichat, Paris) rappelle que ces zones de frottement répétés sont pourvoyeuses de folliculite, pustules centrées par un poil.
Le soutien-gorge
Autre vêtement ou plus exactement sous-vêtement qui, par définition, comprime, le soutien-gorge. Il peut créer une hyperesthésie le long d'un métamère dans les suites d'un zona. Le trajet typique de l'allodynie confirme l'origine postzostérienne.
Cette liste n'est probablement pas exhaustive. Même si l'on y ajoute, entre autres, les pathologies du pied en rapport avec les chaussures étroites ou à bout pointu.
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