27-29 juin 2006 - Paris
LES PROGRES réalisés dans le diagnostic et le traitement des sarcomes des tissus mous s’expliquent dans une large mesure par la mise en évidence d’anomalies génétiques caractéristiques. Elles sont en effet susceptibles d’applications diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques de ces cancers rares et très hétérogènes.
Le diagnostic des sarcomes est en effet difficile, alors que son impact sur le pronostic et le traitement est essentiel. Cela rend compte de la place des marqueurs moléculaires. Les anomalies génomiques constatées dans les sarcomes peuvent être des translocations du gène d’intérêt dans un autre gène qui peut produire un transcrit chimérique codant pour une protéine hybride. Il peut aussi s’agir de mutations activatrices, qui conduisent à la synthèse de protéines modifiées ou surexprimées dans les cellules tumorales. Les amplifications géniques augmentent le niveau d’expression des protéines impliquées. Des délétions sont enfin possibles.
Ces méthodes diagnostiques devraient être pratiquées sur du tissu congelé. L’Institut national du cancer recommande la congélation en cas de tumeur profonde, lorsque sa taille est supérieure à 5 cm ou en cas de suspicion de sarcome. La congélation à –180 °C permet en effet la conservation optimale de la majorité des protéines, mais elle impose de la prévoir avant la biopsie ou le prélèvement opératoire.
Des techniques variées.
La détection des translocations peut être réalisée par une méthode bien adaptée à la pratique de routine, la Polymerase-Chain Reaction (PCR) en temps réel, rapide, sensible et spécifique. L’hybridation in situ fluorescente (Fish) permet la détection des anomalies chromosomiques numériques et structurales. Elle s’applique aux chromosomes métaphasiques et aux noyaux en interphase. Sa sensibilité et sa spécificité élevées, l’efficacité de l’hybridation et de la détection permettent l’analyse d’un grand nombre de cellules à partir de métaphases de qualité médiocre et de noyaux interphasiques.
Les sondes encadrantes (Break Apart Probes) sont une autre technique permettant la recherche d’une translocation. Un certain nombre de ces sondes sont actuellement disponibles pour le diagnostic de plusieurs types de sarcomes.
Vers une optimisation de la stratégie thérapeutique.
En cas de sarcome d’Ewing, par exemple, il est recommandé de congeler le prélèvement et d’effectuer une recherche par PCR en temps réel. Une hybridation fluorescente peut également être pratiquée sur tissu conservé dans du formaldéhyde. En cas de synovialosarcome, une étude portant sur 204 cas (1) a montré que l’utilisation des marqueurs moléculaires est utile une fois sur trois environ, par exemple, en cas de localisation atypique (poumon, tête et cou, paroi thoracique, prostate, rein…).
La recherche de mutations ponctuelles peut être essentielle, par exemple dans le cas des tumeurs stromales gastro-intestinales familiales ou Gist. Des mutations ponctuelles activatrices ont en effet été mises en évidence en cas de Gist. Le pronostic de ce cancer, jusqu’à présent très sombre, a été transformé par l’imatinib. Ces mutations permettent de prévoir la réponse à ce traitement. Leur recherche pourrait donc être envisagée dans le cadre de la détermination de la stratégie thérapeutique.
Ainsi, dans le cas des sarcomes, les outils de marquage moléculaire permettent de détecter des anomalies spécifiques comme des translocations, des mutations ou des amplifications. Ils permettent également une classification génomique de ces tumeurs. Enfin, leur reproductibilité est bonne. Ils devraient par ailleurs permettre d’optimiser la stratégie thérapeutique.
D’après la communication du Pr Jean-Michel Coindre (Institut Bergonié, Bordeaux).
(1) Coindre JM et coll. Should Molecular Testing Be Required for Diagnosing Synovial Sarcoma ? A Prospective Study of 204 Cases. « Cancer» 2003 ; 98 (12) : 2700-2707.
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