CHAQUE ANNÉE, à la rentrée, désormais comme une tradition, un artiste, parmi les plus en vogue de l’art contemporain et les plus « bankable » du marché de l’art, s’invite au château de Versailles pour y exposer ses œuvres. Takashi Murakami, 47 ans, est ce qu’on appelle un poids lourd de l’art contemporain. Si le grand public ne le connaît pas forcément, les grands collectionneurs et galeries du monde entier s’arrachent ses créations à prix d’or. Il dirige une sorte d’entreprise qui compte des dizaines d’assistants, d’artisans, d’artistes, réalisant sous son contrôle des sculptures géantes inspirées par les divertissements de masse, la culture consumériste japonaise, la bande dessinée, les films d’animation et les mangas, par l’esthétique pop.
C’est ainsi que l’on découvrira, dans les différents salons, chambres et galeries des appartements royaux, ici un grand personnage de huit mètres de haut perché sur des fleurs de lotus, là un Bouddha en or kitsch et imposant, plus loin un tabouret en forme de champignon psychédélique, un « monstre floral » ou encore une sculpture réalisée en or, rubis, saphirs, émeraudes et diamants… Tout n’est que couleurs acidulées, formes arrondies, trouvailles enfantines. Un peu comme dans un parc d’attractions.
Pas de quoi s’insurger. Ni de réprouver a priori le principe de cette pratique de confrontation entre deux époques. Mais elle devient trop systématique et en l’occurrence assez gratuite et même incongrue. Car, à bien réfléchir, quel sens profond a donc cette juxtaposition ? Qu’est-ce que cela apporte à Le Brun d’être rapproché de Murakami et à celui-ci d’être soumis à la comparaison avec Le Brun ? Ne s’agit-il pas tout simplement d’un souci d’attirer le public ? Cela répond certes à une intention louable (dont ne se cache pas Jean-Jacques Aillagon, le directeur du château de Versailles), mais au risque de brouiller les pistes, de créer la confusion et de bouleverser l’échelle des valeurs.
Château et Jardin de Versailles, www.chateauversailles.fr. Entrée : 15 euros. Jusqu’au 12 décembre.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature