REFERENCE
Lésions plus ou moins diffuses
Dans un quart des cas, les premiers signes apparaissent avant 25 ans (pic maximum à 29-30 ans), mais des formes précoces existent et peuvent toucher le jeune enfant. L'incidence de la maladie de Crohn augmente après 60 ans.
Les MICI (Crohn et RCH), se caractérisent par des lésions inflammatoires plus ou moins diffuses de l'intestin.
Crohn.
La maladie de Crohn peut atteindre n'importe quel segment du tube digestif avec rétrécissement et/ou fistules et abcès. Les biopsies peuvent montrer des « granulomes épithélioïdes », très évocateurs. Une atteinte hémorragique limitée au rectum et/ou s'étendant au côlon orientera vers une RCH. Dans certains cas, seule l'évolution permet de trancher.
Les signes révélateurs du Crohn sont la diarrhée (sang et glaires), les douleurs abdominales, parfois une perte de poids, une asthénie, des douleurs anales (ulcérations, voire fissures ou abcès) et, lorsqu'il s'agit d'un enfant, un retard statural. On peut également observer des signes extra-digestifs (douleurs articulaires, aphtes buccaux), certaines lésions cutanées (érythème noueux), des troubles oculaires (yeux rouges, douleurs). Pour la RCH, le symptôme le plus fréquent est la présence de sang rouge dans les selles, souvent accompagnées de glaires, et des douleurs abdominales. Des formes graves (moins fréquentes que dans le Crohn) peuvent exister fièvre et amaigrissement.
Coloscopie
Outre les analyses sanguines (NFS, VS, CRP...) qui montrent un état inflammatoire, la bactériologie et la parasitologie permettent d'éliminer une infection intestinale. L'examen apportant le plus d'informations est indiscutablement la coloscopie, car l'aspect des lésions révélées suffit souvent au diagnostic. Les biopsies de la muqueuse intestinale sont une aide supplémentaire. Un transit du grêle se montre très utile au cours de la maladie de Crohn.
Poussés imprévisibles
Ces maladies évoluent par poussées imprévisibles. Les moments difficiles sont entrecoupés de périodes de rémission spontanées ou consécutives à un traitement médicamenteux spécifique.
La prise en charge de ces patients fait intervenir de nombreux paramètres. Le traitement médical vise à réduire les symptômes au cours des poussées et à maintenir la rémission le plus longtemps possible. Ils sont lourds et éprouvants pour le patient : salicylés, antibiotiques, corticoïdes... Certaines circonstances peuvent amener à envisager la chirurgie : complication (fistule, perforation, hémorragie grave, dilatation brutale et importante du côlon) ; traitement médicamenteux peu ou inefficace ; nécessité de doses trop élevées de médicaments. Le type d'intervention est variable (résection plus ou moins importante du grêle et/ou du côlon, du rectum, confection d'un anus artificiel...), mais l'épreuve est difficile dans tous les cas.
Voies de recherche
Plusieurs voies de recherche sont explorées. En ce qui concerne les médicaments, de nombreux essais sont en cours pour développer des thérapeutiques plus ciblées. Une molécule innovante, l'infliximab, a ainsi vu récemment le jour : elle permet de maîtriser la maladie de Crohn dans 50 à 60 % de ses formes les plus graves (Crohn sévères ou fistulisés) lorsque les thérapeutiques conventionnelles ont échoué. La recherche a par ailleurs confirmé le rôle d'un facteur génétique : gène de prédisposition à la maladie de Crohn localisé sur le chromosome 16. Soutenues par l'Association François Aupetit, les équipes cherchent à préciser le rôle des mutations génétiques responsables, et des recherches se poursuivent sur les chromosomes 3, 7 et 12.
Enfin, la piste « environnement » est sérieusement étudiée (rôle possible d'événements survenus pendant l'enfance). On suspecte de nombreux agents infectieux mais aucun n'a été formellement identifié. La flore intestinale « résidente » pourrait aussi jouer un rôle.
D'après les communications des Prs J.-P. Gendre (hôpital Rothschild, Paris), Y. Bouhnik (hôpital Lariboisière, Paris) et J.-P. Cezard (hôpital Robert-Debré, Paris) lors d'une conférence de presse de l'Association François Aupetit.
Campagne
A l'occasion de son vingtième anniversaire, l'Association François Aupetit (AFA) « Vaincre la maladie de Crohn et la RCH » lance une campagne d'information sur les MICI. Reconnue d'utilité publique en 1996, l'AFA a un projet associatif qui tourne autour de trois thèmes : guérir (soutien à la recherche, création de bourses) ; informer et sensibiliser (organisation de conférences débats) ; vivre mieux (création de relais jeunes, de rencontres entre malades).De plus en plus de malades peuvent y trouver aide et réconfort, et un nombre sans cesse croissant de médecins et de chercheurs peuvent trouver un soutien précieux pour la réalisation de leur projet : découvrir aussi vite que possible les causes déclenchantes des MICI.
AFA : hôpital Rothschild, 33, boulevard de Picpus, 75571 Paris Cedex 12. Tél. : 01.40.19.99.19
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