MEMOIRE DE LA MEDECINE
D U squelette le plus ancien, celui d'une femme gagnée par une ostéomalacie gravidique qui fit l'objet d'une communication en 1752, au plus récent, celui d'une jeune Africaine atteinte de pian avec goundou, envoyé en 1926 par un médecin militaire, les vitrines croulent sous une impressionnante quantité d'ossements, de squelettes, de cires et de différentes pièces en bocaux.
Parmi les « clous » de la collection : le squelette du dénommé Pipine, phocomèle parvenu à l'âge adulte qui s'exhibait dans les foires et sa statue en cire ; l'opération d'un bec-de-lièvre par Antoine Dubois (avant et après) ; le naevus congénital observé par Jean-Louis Alibert ; le cerveau du patient qui permit à Broca d'élaborer sa doctrine des localisations cérébrales. Les cires les plus récentes sont des pièces de Charcot. Les pièces osseuses sont les plus nombreuses. Une vitrine réunit par exemple des lésions de tuberculose osseuse.
« Ces pièces témoignent de pathologies ayant évolué à un point inimaginable et de maladies que l'on ne voit plus », commente le Pr Paul Prud'homme de Saint-Maur, conservateur du musée. C'est une évidence devant la vitrine de tératologie, l'échographie ne laissant plus les ftus monstrueux se développer aussi longtemps.
Le fonds initial du musée, créé en 1835 grâce au legs de Guillaume Dupuytren, rassemblait des pièces provenant de l'ancien Collège royal de chirurgie et des présentations de la Société anatomique présidée alternativement par Dupuytren et Laennec durant le premier quart du XIXe siècle. Les pièces, au nombre d'un millier, servaient de base à l'enseignement pratique d'anatomie. En 1877, le musée recense 6 000 pièces dans le catalogue rédigé par Houel. Mais c'est le début du déclin. Installé dans l'ancien réfectoire des Cordeliers qui menace ruine, le musée est mis en caisse en 1937. Il y restera pendant trente ans jusqu'à ce que, à l'instigation du Pr René Abelanet, on lui trouve un lieu d'accueil dans un des pavillons d'anatomie désaffecté de la faculté de médecine. On lui adjoint alors les pièces réunies par le Pr Antonin Gosset à la clinique chirurgicale de la Salpêtrière ainsi que le fonds Dejerine, ensemble de documents et de préparations ayant servi au grand neurologue de la Salpêtrière pour son « Traité de l'anatomie du système nerveux central » (quinze ans de travail).
Mais l'explosion de 1968 supprime la chaire d'anatomie pathologique dont dépendait le musée. Depuis lors, le musée se trouve dans une situation précaire, d'autant plus que ses locaux en plein Paris « suscitent bien des convoitises », comme le déplore le Pr Prudhomme de Saint-Maur.
L'inventaire reste à faire, beaucoup d'étiquettes ayant disparu dans les déménagements. Actuellement professeur de pathologie à Saint-Antoine, Paul de Saint-Maur aura de quoi occuper sa retraite.
15, rue de l'Ecole-de-Médecine. Le musée est au fond à gauche avant le cloître. Il est ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 11 h 30 et de 14 h à 16 h. Mais il vaut mieux téléphoner au 01.42.34.68.60. Entrée 20 F.
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