Depuis 2008 et leur entrée en grande pompe dans le système de santé (par la porte du budget de la Sécu et des expérimentations sur les nouveaux modes de rémunération), les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) connaissent un engouement puissant. Aujourd’hui, quelque 500 structures sont en état de marche.
« On assiste quasiment à une inauguration par jour alors qu’en 2006, seule une dizaine de maisons existait », s’est enthousiasmé le Dr Pierre de Haas, lors d’un colloque organisé par le collège des économistes de la santé. À ce rythme, le président de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) estime que le millier de maisons pourrait être atteint dès l’année prochaine.
Le pli semble pris. Désireux de travailler en exercice regroupé, et avec des horaires moins contraignants que leurs aînés, les jeunes médecins « contaminent » aussi leurs confrères installés qui, pour certains, voient dans la maison de santé une solution au casse-tête de la mise aux normes d’accessibilité de leur cabinet libéral. Sans être la panacée (ni surtout le schéma unique), le modèle des MSP a montré, études à l’appui, qu’il permettait l’implantation de libéraux dans les zones fragiles.
Instabilité
Cette dynamique, soutenue par l’enveloppe budgétaire accordée à 260 structures dans le cadre des expérimentations des nouveaux modes de rémunération (ENMR), devrait créer 3 000 emplois en dix ans (assistants médicaux, coordinateurs de soins, médecins DIM pour l’analyse des données partagées...), espère le Dr de Haas.
Mais une ombre gâche aujourd’hui le tableau. L’échec récent des négociations conventionnelles « interpro » sur le travail en équipe empêche le passage des expérimentations à la généralisation des nouvelles rémunérations pour les structures. Surtout, 260 MSP sont en attente de financement pérenne pour 2015. Le temps presse car des dizaines de maisons de santé seraient économiquement fragiles. Et pour les libéraux de santé, rien n’est pire que l’instabilité, qui peut décourager les plus motivés.
À défaut d’accord conventionnel, la dynamique des maisons de santé se poursuivra « en 2015 » grâce à un prochain règlement arbitral, a assuré Marisol Touraine au « Figaro ». Est-ce garanti ? « Rien ne l’empêche, confirme au « Quotidien » Thomas Wanecq, en charge du financement du système de soins à la Direction de la Sécurité sociale (ministère). Envisager une prolongation des ENMR dans le budget de la Sécu 2015 serait en revanche un étrange signal à envoyer aux partenaires conventionnels, à l’heure où l’on accuse le gouvernement de vouloir étatiser le système de santé. »
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