Politique hospitalière

Les maires prêts à lâcher du lest

Publié le 02/07/2008
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PRÉSENTÉ aujourd'hui dans le cadre de la 5e Conférence annuelle économie de l'hôpital du journal « les Échos » (événement coorganisé par la FHF, en partenariat avec KPMG, l'IFOP, et avec le concours du « Quotidien »), un sondage (1) s'intéresse au regard que portent les maires, quelle que soit la taille de leur commune, sur la future réforme hospitalière.

Alors que l'on continue à reprocher aux élus locaux de défendre coûte que coûte « leur » hôpital, sans considération pour une possible offre de soins plus globale – et alors que le rapport Larcher préconise que les maires ne soient plus présidents du futur conseil de surveillance des établissements –, cette enquête délivre quelques enseignements surprenants. S'ils se montrent toujours très attachés aux hôpitaux de proximité, les maires, par exemple, s'y décrivent peu influents quant à la situation ou à l'avenir de l'hôpital de leur commune : 84 % des élus interrogés ont cette impression. Dans la même proportion (81 %), ils se disent prêts à gérer la question hospitalière «au niveau d'un territoire, et non plus sous la seule responsabilité de la commune d'implantation hospitalière». Étonnante, également, la fréquence des interpellations par les administrés, finalement peu élevée « sur la question de l'hôpital et de l'offre de soins » : 38 % des maires seulement se disent souvent saisis sur ces sujets.

Le sondage s'intéresse également au jugement que portent les maires sur les soins dispensés dans leur commune : l'hôpital est ainsi étiqueté «très satisfaisant» et de «très bonne réputation» par 82 % des édiles, tandis que 61 % constatent localement un manque de praticien hospitalier (pour 50 % d'entre eux, la principale difficulté à laquelle ils se trouvent confrontés pour améliorer l'accès aux soins est d'ailleurs «la disparition de certaines spécialités dans les hôpitaux de proximité»). Ils sont 47 % à se dire en butte à «la mauvaise permanence des soins de ville qui engendre l'engorgement des urgences dans les hôpitaux», 45 % affirment devoir faire face à «la mauvaise répartition des professionnels de santé» sur leur territoire – à ce sujet, 62 % sont favorables à une réduction de la liberté d'installation des médecins via des mesures coercitives. 60 % des maires s'estiment personnellement responsables de la qualité des soins dispensés à leurs administrés.

Quant à la réforme ( «nécessaire» sur le principe, pour 77 % d'entre eux) telle que l'a dessinée Gérard Larcher, elle n'emporte pas totalement sur le fond l'adhésion des maires : 45 % y sont favorables ; 50 % n'y sont pas favorables, et un fort clivage politique divise maires de gauche et maires de droite. Dans le détail, toutefois, ils sont d'accord à 84 % avec l'idée de «communautés hospitalières de territoires», à 78 % avec «la reconversion de certains hôpitaux en centres de soins de proximité», à 71 % avec le renforcement des «pouvoirs de décision des directeurs d'hôpital», et à 66 % avec l'assouplissement des modes d'exercice des PH.

(1) Sondage IFOP réalisé par téléphone entre le 26 mai et le 2 juin auprès de 302 maires et adjoints au maire représentatifs de l'ensemble des villes de France.

IRCANTEC : bras de fer en vue

Les médecins hospitaliers, qui, tous, cotisent à l'IRCANTEC* pour leur retraite complémentaire (obligatoire), admettent que ce régime ne se porte pas bien, mais ils refusent le remède qui leur est présenté.

Les caisses seront à sec dans 20 ans, prévoit pourtant le gouvernement, qui propose une réforme afin d'assurer la fiabilité du système sur 30 ans. C'est André Santini, secrétaire d'État chargé de la Fonction publique, qui pilote le dossier. Il a reçu les syndicats en leur précisant que le projet, étalé entre 2009 et 2015, n'aurait pas d'incidence sur les pensions en cours ni sur les droits constitués avant 2009.

Voilà qui n'aura pas suffi à pacifier le climat, électrique. La totalité des syndicats de fonctionnaires ont claqué la porte du ministère, accusant le gouvernement de vouloir passer en force cet été.

De toutes les professions concernées – militaires, élus, postiers... -, les praticiens hospitaliers (PH) ne sont pas les moins remontés. «La conséquence pour les PH serait une baisse de nos pensions de 25%. Inacceptable», décrypte le Dr Christophe Prudhomme (CGT). La pension moyenne d'un PH aujourd'hui est de 45 000 euros brut. «On souhaite qu'il n'y ait pas de diminution, et qu'il y ait même, dans un deuxième temps, une augmentation de la pension pour les médecins qui travaillent la nuit et qui ont un travail pénible. Idéalement, il faudrait que notre taux de remplacement passe de 55% à 75% pour rendre nos carrières attractives», déclare le Dr Prudhomme.

Les intersyndicats de médecins hospitaliers devaient être reçus hier au ministère de la Santé pour discuter du dossier. À suivre donc.

* IRCANTEC, Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l'État et des collectivités publiques.

> Karine Piganeau D. CH.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8403