BIEN QU'ÉTANT à la base une musique collective, le jazz, ces dernières décennies – en fait depuis la disparition de ses acteurs et créateurs historiques –, était principalement le fait d'un leader, assisté de plusieurs complices. Le temps des rencontres au sommet faisant ainsi partie des plus belles pages d'histoire de la musique afro-américaine. Jusqu'à cette réunion inattendue entre trois des meilleurs bassistes électriques de ces quarante dernières années. Trois générations, trois styles et/ou écoles, trois riches aventures individuelles : Stanley Clarke, Marcus Miller & Victor Wooten. D'ou S.M.V. Stanley Clarke, 57 ans, élevé à la contrebasse, est, quelque part, le précurseur de la basse électrique dans les années 1970 pour sa participation à un des groupes emblématiques, du jazz fusion, Return To Forever. Virtuose surdoué, le premier à utiliser le slap, il a inspiré d'autres adeptes, comme Jaco Pastorius et Marcus Miller. Ce dernier, 49 ans, est le troisième larron à avoir opéré une révolution dans le jeu de la basse électrique. Multi-instrumentiste (il pratique aussi la clarinette basse), il a été à l'origine de la renaissance du phénix, Miles Davis. Quant à Victor Lemonte Wooten, le benjamin, 44 ans, il fut membre de la formation Bela Fleck and the Flecktones et s'est notamment produit avec Chick Corea, Prince et Branford Marsalis. Ces trois musiciens ont décidé de rassembler leurs immenses techniques pour un album événement, « Thunder » (Dreyfus Jazz/Sony BMG) et une tournée (1).
Un CD passionnant, explosif, détonnant, fait d'échanges, de batailles, de solos rageurs et fougueux, avec des reprises (« Tutu ») et des compositions originales. Une magistrale leçon de basses.
Ron Carter est une autre légende de la contrebasse (et du violoncelle !). À 71 ans, celui qui a été sideman sur plus de 500 enregistrements et s'est fait connaître au sein du Quintet de Miles Davis au milieu des années 1960 respire la tradition du jazz. Et de la bossa-nova, dont on fête le cinquantième anniversaire de la création cette année, avec son dernier disque, « Jazz & Bossa » (Blue Note/EMI), dans lequel il reprend des classiques du style signés Tom Jobim, un standard du jazz (« Whisper Not » de Benny Golson) et livre son propre travail à la tête d'un brillant sextette.
(ANTOINE MANICHON/BEEJAZZ)Contrebasse, en français dans les cordes.
Christophe Wallemme (2) a notamment travaillé avec Paolo Fresu, Phil Woods, Branford Marsalis, mais aussi Françoise Hardy, La Grande Sophie ou Viktor Lazlo, avant d'être membre d'un des meilleurs trios français des années 1990, Prysm. Pour son nouvel opus, « Start “So Many Ways…” » (Bee Jazz/Abeille Musique), son trio a comme invités Julien Lourau (saxophones) et Manu Codjia (guitare), pour explorer une musique personnelle, cependant librement inspirée par les grands standards du répertoire américain. Un disque très mélodique.
Révélé pour sa longue participation au trio de Stéphane Grappelli (de 1989 à 1997), recherché par des leaders comme Lee Konitz, McCoy Tyner ou Dave Liebman, acteur important de la scène jazz hexagonale où il a collaboré avec Didier Lockwood, Daniel Humair ou encore François Jeanneau, Jean-Philippe Viret dirige actuellement un nouveau trio parfaitement homogène et soudé (Édouard Ferlet, piano ; Fabrice Moreau, batterie) qui permet à ce compositeur original et raffiné de jouer sur les climats et les humeurs avec une certaine audace que l'on retrouve dans « Le temps qu'il faut » (O Mélisse Music/Abeille Musique), son dernier CD. Un travail à la fois personnel et collectif, séduisant, exigeant et équilibré (3).
(1) Paris, Casino de Paris, 27 octobre, 20h30 ; Nancy, Nancy Jazz Pulsations, 18 octobre.
(2) Paris, JVC Jazz Festival, Sunside, 10 octobre, 21 h.
(3) Paris, JVC Jazz Festival, New Morning, 10 octobre, 20 h 30.
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