L ES chiffres sont sans appel. Aujourd'hui, 43 % des femmes de 18 à 35 ans fument et déjà 40,2 % des filles de 17 ans. Le tabagisme féminin progresse et, si les fumeurs restent plus nombreux que les fumeuses, l'écart entre les deux sexes diminue : il est passé de 31 points en 1970 à seulement 6,3 en 2000. Et les fumeuses consomment de plus en plus de cigarettes : 13 par jour en moyenne l'an dernier, contre 11,2 en 1992.
Pour l'instant, on ne recense que 3 000 décès par an liés au tabagisme chez les femmes, contre 57 000 chez les hommes ; mais le délai de survenue des complications étant de vingt à trente ans, on peut s'attendre, si le tabagisme reste à son niveau actuel, à une mortalité multipliée par 15 en 2020, soit 50 000 femmes (et 110 000 hommes).
Sans parler des conséquences pour le ftus (28,9 % des fumeuses de 25 à 35 ans continuent de fumer lorsqu'elles sont enceintes), les dangers spécifiques du tabac pour les femmes sont pourtant bien connus : risques cardio-vasculaires pour celles qui prennent la pilule ; perturbations à long terme du système hormonal ; atteintes à l'apparence (peau et cheveux plus ternes, mauvaise haleine, dents jaunies, etc.).
« Pages sans fumée »
Alors que faire ? La Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAMTS) et le Comité français d'éducation pour la santé misent sur le pouvoir d'image et d'entraînement de la presse féminine. C'est ainsi que 12 titres, et pas des moindres*, s'engagent à respecter la charte « Pages sans fumée » qui a été signée hier sous le patronage du ministère de la Santé.
Il s'agit de dépasser le stéréotype de la cigarette symbole de séduction et d'émancipation qui circule depuis les années cinquante-soixante et a été renforcé par la révolution sexuelle des années soixante-dix. Désormais, c'est sûr, on ne verra plus dans ces magazines des personnes en train de fumer, on n'y parlera plus des plaisirs de la cigarette, mais on y évoquera les méfaits du tabac et les méthodes pour arrêter de fumer ; et ces magazines refuseront toute association directe ou indirecte avec l'industrie du tabac. On regrettera peut-être la séduction de délicats doigts féminins sur une longue cigarette ou l'image branchée de tel ou tel acteur célèbre perdu dans son nuage de fumée, mais c'est pour le bien des femmes : « La beauté et le souffle plutôt que le cancer ! », comme le dit « Côté femme ».
* « 20 Ans », « Côté Femme », « Elle », « Fémina Hebdo », « Femme Actuelle », « Madame-Figaro », « Marie Claire », « Maxi », « Prima », « Version Femme », « Vital » et « Votre Beauté ».
Les bénéfices de l'arrêt
- 20 minutes après : la pression sanguine et les pulsations cardiaques redeviennent normales.
- 8 heures : la quantité de nicotine et de monoxyde de carbone dans le sang diminue de moitié, l'oxygénation des cellules redevient normale.
- 24 heures : le monoxyde de carbone est complètement éliminé du corps, les poumons commencent à éliminer le mucus et les résidus de fumée.
- 48 heures : le corps ne contient plus de nicotine, l'odorat et le goût s'améliorent.
- 72 heures : respirer est plus facile (les bronches commencent à se relâcher et l'énergie augmente).
- 2 à 12 semaines : la circulation s'améliore.
- 3 à 9 mois : les problèmes respiratoires et la toux s'apaisent, la voix devient plus claire et le fonctionnement des poumons augmente de 10 %.
- 5 ans : le risque d'être victime d'une crise cardiaque est deux fois moins élevé que celui d'un fumeur.
- 10 ans : le risque de développer un cancer du poumon est deux fois moins élevé que celui d'un fumeur, le risque d'être victime d'une crise cardiaque redescend au même niveau que pour une personne qui n'a jamais fumé.
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