L'assemblée générale de l'ONU a voté une résolution exigeant que la question du « mur » construit par les Israéliens pour les séparer des Palestiniens soit examinée par la Cour internationale de justice.
Il ne s'agit plus, cette fois, d'un de ces procès que la justice belge, qui s'est donné une compétence universelle pour tous les crimes contre l'humanité, voulait faire à Ariel Sharon ou à des dirigeants américains. L'affaire est beaucoup plus sérieuse et, selon la presse israélienne, elle met le gouvernement Sharon dans l'embarras. Jusqu'à présent, les gouvernements israéliens pouvaient ignorer les résolutions de l'ONU chaque fois que des raisons de sécurité l'emportaient sur le respect du droit international : on n'obéit pas à l'ONU quand on risque sa vie. Cet argument est déjà utilisé par Jérusalem pour le « mur » dans la mesure où il le considère comme une ligne de défense destinée à empêcher les attentats ou à en réduire le nombre.
Echange de territoires
En réalité, ce n'est pas le mur qui pose problème, c'est son tracé. Dès lors que la ligne de défense pénètre dans les territoires qu'Israël a conquis en 1967, il préjuge de ce que sera la solution politique entre Israël et la Palestine. Comme il existe, non loin de Jérusalem, de vastes colonies en territoire palestinien, le mur les englobe.
Même l'initiative de paix lancée, avec le concours de la Suisse, par Yossi Beilin et Abed Rabbo, prévoit un échange de territoires : au mètre carré près, le maintien d'un certain nombre de colonies serait, dans le cadre d'un accord de paix, compensé par un retrait israélien d'une petite partie de son propre territoire, au profit de la Palestine. Mais le mur va au-delà du tracé Beilin-Rabbo. Il tend à mettre les Palestiniens devant le fait accompli : une paix qui ne leur offrirait que la portion congrue, au profit d'une expansion de la superficie d'Israël.
L'attitude de M. Sharon n'est nullement ambiguë : il veut bien négocier, mais ce n'est pas sa faute s'il faut des mois pour constituer un gouvernement palestinien et si ce gouvernement est privé, par Yasser Arafat, de tout pouvoir. L'absence d'interlocuteur permet à M. Sharon de prendre des mesures unilatérales.
Les Palestiniens l'aident à prospecter cette voie, qui ont été incapables d'obtenir du Hamas et du Djihad, lors d'une nouvelle réunion au Caire, qu'ils acceptent une trêve d'un an des attentats contre les civils israéliens. Israël demandait plus : la mise sous les verrous des extrémistes.
Il demeure qu'une trêve d'un an aurait mis Israël, si l'on ose dire, au pied du mur : vous avez votre sécurité et une année est assez longue pour trouver une solution négociée. M. Arafat préfère rester au pouvoir, refuse de prendre à partie les fanatiques, et au fond, adore le statu quo.
Le président de l'Autorité palestinienne a une politique d'une limpide simplicité : la victimisation du peuple palestinien et la médiatisation de ses souffrances.
Il croit aussi qu'il y a une solution dans les instances internationales. Par exemple, le Forum social européen, qui n'a tenu qu'un débat sur la Tchétchénie, en a consacré une quinzaine à la Palestine. Un seul thème : les ravages causés par la répression israélienne. Qu'il y ait des Israéliens en faveur de la paix, aucun altermondialiste n'en a cure. On ne les a même pas laissés s'exprimer au FSE. On n'a vu aucun de ces grands polémistes à la réunion de Genève. Ce qui signifie sans doute que si on est propalestinien, on est aussi anti-israélien et qu'au fond on se fiche comme d'une guigne qu'Israël existe ou non.
Négocier avec qui ?
Tant et si bien qu'Israël n'a plus aucun espoir de retrouver sa bonne réputation : tout a été fait à l'ONU, à Durban, au FSE, pour le faire apparaître comme un « Etat raciste » qui opprime un peuple. C'est cette absence de perspective pour Israël, c'est la calomnie internationale, c'est un manichéisme scandaleux qui laissent à M. Sharon les mains libres pour appliquer sa politique de force : dès lors que le monde traite Israël de la sorte, que pourrait-il lui arriver de pire s'il finissait par agir conformément à ces imprécations ? L'outrance est telle dans le discours mondial sur Israël qu'on le pousse littéralement à devenir ce qu'on dit de lui.
Et puis, négocier avec qui ? Avec des gens qui ne veulent pas cesser de tuer des civils ? Avec un gouvernement, celui d'Ahmed Qorei, qui n'est que le pseudopode d'Arafat ?
Une preuve de diversité
Il demeure que le tracé du mur déplaît aux Etats-Unis et que M. Sharon, sans eux, ne peut en poursuivre la construction qu'en prenant des risques. C'est pourquoi il devrait assortir ses initiatives d'une constante politique : les Palestiniens ont droit à leur Etat et nous sommes prêts à négocier sans conditions, sauf celle de la sécurité. Au lieu de dénoncer la démarche de Beilin, le Premier ministre israélien aurait dû l'accepter comme une preuve supplémentaire de la diversité d'Israël et montrer, comme il l'a dit, qu'il est prêt à faire des « concessions douloureuses » pour parvenir à la paix. La question n'est pas de savoir si M. Arafat est sympathique ou s'il y a quelque chose à attendre des fanatiques. La question s'énonce ainsi : il n'y a pas d'Israël viable et assuré d'un avenir qui ne soit avant tout un Israël juste.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature