SUITE A UNE TENTATIVE de suicide (TS) simulée à la prison de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, Eric Pernet, 40 ans, s'est évadé, le 14 décembre, du centre hospitalier Sainte-Marie, de Nice, où il était hospitalisé. Au retour d'une consultation médicale, alors qu'il était sans entrave et escorté par deux infirmiers, il a foncé vers la sortie en pantoufles et pyjama, disparaissant dans la nature. Condamné à quinze et huit ans de détention, pour divers braquages par le cour d'assises de la Moselle, l'homme est un récidiviste de la cavale. Sa première belle, réalisée selon le même scénario de la TS simulée, alors qu'il est hospitalisé en psychiatrie à Nancy, lui permettra de rester six ans en fuite. La police l'arrêtera à Saint-Vallier-de-Thiey, dans l'arrière-pays de Grasse, en 2006, après un échange de coups de feu.
Cinq chambres d'isolement et un portique de détection.
Le centre hospitalier Sainte-Marie de Grasse ne ressemble pas à la plupart des établissements de santé. Comme c'est le cas à Lyon, à Paris (hôpital Henri-Ey), en Corrèze, à Sarreguemines (Moselle) et à Cadillac (Gironde), il dispose, depuis 1993, d'une unité de soins intensifs psychiatriques (USIP)*. Celle-ci accueille des patients sous contrainte (loi du 27 juin 1990), dont environ un tiers viennent d'établissements pénitentiaires. Tous vivent un état de crise lié à un comportement violent et dangereux sur le plan psychiatrique ou criminologique, nécessitant soit un bilan diagnostique et thérapeutique, soit une prise en charge immédiate et temporaire. Le Dr Louis Roure, patron du pôle de psychiatrie légale, l'un des six services psychiatriques de Sainte-Marie – qui comprend, outre l'USIP, un département intersectoriel pour adolescents difficiles et une cellule de prise en charge des victimes et auteurs d'agressions sexuelles –, précise que l'unité de soins intensifs offre un «espace sécurisé, mais non sécuritaire».
«L'esprit de répression ne se conjugue pas avec les soins, dit au “Quotidien” le pédopsychiatre. Nous avons à l'entrée un portique pour détecter les armes et autres objets contondants, et 4chambres d'isolement et d'observation, qui s'ajoutent à 15lits.» L'isolement constitue un aspect thérapeutique de la prise en charge, avec un assouplissement au bout de 48 heures. Un système de visualisation du service est assuré par caméras, ce qui favorise la surveillance faite par les équipes et permet une intervention rapide si nécessaire. Sur 161 entrées en 2006 (144 hommes, 17 femmes), ayant donné lieu à un séjour moyen d'un mois environ, l'USIP a compté 55 hospitalisations d'office (HO), 42 HO « D398 » (article du code de procédure pénale visant les HO pour détenus), 39 hospitalisations à la demande d'un tiers, 22 placements par la justice d'adolescents au comportement dangereux et violent et 3 placements de mineurs sous autorité parentale. «Hormis quelques fugues dans les premières années, nous n'avons jamais eu de problèmes, y compris d'agressions sur les personnels, à l'exception de menaces de temps en temps», témoigne le Dr Roure, qui, de même que la prison de Grasse et sa direction, préfère ne pas parler d'Eric Pernet. «L'USIP ne s'apparente pas à un lieu d'incarcération, pas plus qu'elle n'est une unité pour malades difficiles, réaffirme le praticien . Rien à voir avec une structure sécuritaire au sens répressif du terme. Il faut y voir un lieu de prise en charge immédiate de troubles graves du comportement décompensés, un lieu de traitement sécurisé de la crise à sa phase initiale. Quant à l'isolement du sujet, il renvoie à de stricts critères médicaux définis par la Haute Autorité de santé. Et, chaque jour, le patient est visité par un psychiatre.»
* L'USIP, dénommée ainsi depuis 2004, s'est appelée préalablement unité pour malades agités et perturbateurs.
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