CONGRES HEBDO
Les apnées du sommeil d'origine obstructive intéresseraient 2 % des femmes et 4 % des hommes d'âge moyen. Mais ces chiffres diffèrent suivant les études. Quoiqu'il en soit, de l'avis de tous, il s'agit d'une pathologie dont les diverses conséquences sont encore largement sous-estimées. Toutefois, un nombre croissant de preuves montrent qu'il existe une association entre les apnées du sommeil et les maladies cardio-vasculaires.
Pour mieux identifier le rôle potentiel des apnées nocturnes dans la morbi-mortalité cardio-vasculaire fréquemment associée chez les patients qui présentent de tels troubles du sommeil, plusieurs travaux ont été conduits et présentés au congrès de l'ERS.
Sensibilité des barorécepteurs
Une équipe de Liverpool dirigée par le Dr Peter M.A Caverley s'est intéressée aux barorécepteurs, entités physiologiques permettant d'adapter la fréquence cardiaque et la pression artérielle lors du passage de la position couchée à la position debout ; lorsque ce mécanisme de régulation de la pression artérielle est insuffisant, il existe un risque accru d'hypertension artérielle.
L'étude du Dr Caverley a ainsi comparé la sensibilité des barorécepteurs et la résistance à l'insuline chez 57 sujets présentant des apnées du sommeil, tous d'âge comparable et ne recevant aucun traitement anti-hypertenseur. Le groupe contrôle était composé de patients en bonne santé ne présentant pas de syndrome d'apnée obstructive du sommeil. Chaque groupe comprenaient des patients obèses et des patients minces. Pour chacun d'entre eux, la mesure de la sensibilité des barorécepteurs était ajustée à la valeur de la résistance à l'insuline, afin d'éliminer des variations dues à l'obésité.
Les résultats montrent, comme on pouvait s'y attendre, que les obèses sont plus souvent résistants à l'insuline que les minces. Ce n'est qu'en présence d'apnée du sommeil que la sensibilité de leurs récepteurs est abaissée de façon significative. Les patients minces souffrant d'apnées du sommeil présentent les mêmes anomalies que les sujets obèses : ils ont une résistance plus élevée à l'insuline et une sensibilité de leurs barorécepteurs plus faible que leurs homologues du groupe contrôle.
Selon le spécialiste, cette étude montre que des troubles métaboliques et cardio-vasculaires peuvent exister indépendamment de l'obésité chez des sujets apnéiques.
Une autre équipe suédoise dirigée par le Dr Yuksel Peker a étudié la relation entre apnées du sommeil et mortalité cardio-vasculaire. Ses auteurs ont comparé pendant sept ans la mortalité cardio-vasculaire de patients souffrant d'apnée du sommeil à celle de ronfleurs sans épisodes d'apnée. Au total, ce sont 294 sujets, âgés en moyenne de 49 ans, qui ont été inclus. Tous les résultats ont été ajustés sur le poids, l'âge, l'hypertension, le diabète ainsi que les habitudes tabagiques, pour écarter un excès de mortalité qui ne serait pas lié aux apnées nocturnes. Parmi eux, 65 patients souffraient d'apnées incomplètement traitées. Dans ce groupe, 14 % sont décédés pendant la période considérée contre seulement 4 % des sujets correctement traités ainsi que chez les ronfleurs n'ayant pas souffert d'apnée.
D'après les communications des Dr Peter M.A Caverley (Liverpool, Royaume-Uni) et Dr Yuksel Peker (Göteborg, Suède).
Apnées du sommeil : un risque accru d'accident de la route
Une étude prospective espagnole a comparé le nombre d'accidents de la route survenus dans un groupe 80 patients présentant des apnées du sommeil et un groupe de patients sains de même taille. Les résultats sont probants : le risque d'avoir un accident était de 32 % chez les personnes souffrant d'apnées, contre 12 % pour le groupe témoin. Après deux ans de suivi sans traitement, 13 % des apnéiques avaient eu au moins un accident de la route, contre 7 % des témoins. En revanche, deux ans après la mise en uvre du traitement par CPAP, la fréquence moyenne des accidents ne présentait plus de différence significative entre les deux groupes.
D'après la communication du Dr Ferran Barbé (Espagne).
La CPAP améliore les apnées du sommeil
La prévalence des apnées du sommeil d'origine obstructive plus fréquemment appelées par les spécialistes « syndrome d'apnée obstructive du sommeil ou OSAS » chez les patients présentant un AVC est élevée. Ces apnées du sommeil sont associées à une augmentation de la morbi-mortalité. Seul un masque porté durant la nuit, par lequel est diffusé de l'air sous pression positive continue (CPAP pour Continuous Positive Airway Pressure), améliore les apnées du sommeil d'origine obstructive en prévenant la fermeture des voies aériennes supérieures responsables des apnées.
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