«JE VOUS DEMANDE de faire la distinction entre ma bonne humeur habituelle, et l'exaspération qui habite le syndicaliste.»
C'est ainsi que le Dr Cabrera, président du SML (Syndicat des médecins libéraux), a débuté son analyse des récents événements qui agitent le monde de la santé.
L'annonce du plan d'économies par Frédéric Van Roekeghem, directeur de la CNAM ? «Il n'y a pourtant même pas eu d'avis du comité d'alerte», note le Dr Cabrera, qui précise que c'est le ministre du Budget, Éric Woerth, qui veut un plan d'économies. «Le directeur de la CNAM aurait pu attendre aujourd'hui [jour de la réunion de négociations conventionnelles, NDLR] pour faire son annonce, ajoute-t-il. Là, on met la charrue devant les boeufs, et les caisses donnent l'impression, une fois de plus, que les médecins ne s'impliquent pas dans la maîtrise.»
Le SML donne ainsi le sentiment de critiquer plus la forme que le fond des mesures d'économies proposées : «La mesure sur les médicaments à vignette bleue [remboursement à 35 %] dans le cadre des ALD a été annoncée de façon intempestive.»
Faibles chances pour un accord.
La réunion de négociations conventionnelles de ce jour ? «Les chances sont très faibles d'arriver à un accord», note le Dr Cabrera qui, du coup, n'envoie à la réunion que quelques observateurs, «puisqu'il n'y aura rien à négocier».
Quant à l'avenir de la médecine libérale, le président du SML ne le voit pas sous les meilleurs auspices : «Depuis mars 2007, il n'y a eu aucune mesure d'accompagnement de la convention, ni de la maîtrise médicalisée. Que va-t-on donc pouvoir négocier aujourd'hui avec les caisses?» Dino Cabrera redoute que les caisses n'aient pas d'argent pour la revalorisation du C à 23 euros. «Dans ce cas, oublions ce 1euro, et disons aux caisses que, si elles n'ont pas d'argent, qu'elles nous donnent au moins des créneaux pour faire plus de médecine et moins de passes, continue- t-il.
Pour le président du SML, il y a deux possibilités. Soit les caisses donnent aux médecins un espace pour des consultations plus longues, plus approfondies, et valorisées à environ 50 euros (« le Quotidien » du 18 avril), «soit on oublie la médecine libérale, et nous devenons des salariés travaillant 35heures avec tous les avantages du salariat, puisque, de toute façon, nous sommes en pleine étatisation de la santé».
Le président du SML, très remonté, ajoute à ce propos que «les libéraux sont les serfs des temps modernes, ceux que l'on fait travailler sans compter tout en leur tapant dessus».
Et reprenant le slogan de Nicolas Sarkozy [libérons les énergies, NDLR], Dino Cabrera conclut : «Moi je dis chiche! Libérons les énergies soit par une forme de secteur optionnel, soit par le salariat.»
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