Démembrement.
Après plusieurs années de « stand-by », le CNPS, qui vient de lancer une nouvelle version de son site Internet (1), amorce la reconquête en organisant aujourd'hui à Paris sa première «convention nationale» sur les soins de proximité, thème également au coeur des états généraux de l'organisation de la santé (EGOS). Trois tables rondes sont au programme de cette journée qui donnera la parole à des élus ruraux, des experts, des partenaires hospitaliers, mais surtout à des professionnels libéraux de terrain représentés via les CDPS (comités départementaux). Les débats porteront sur les inégalités dans l'accès aux soins primaires, l'offre libérale de proximité et les conditions d'un partenariat «gagnant/gagnant» avec les autorités de tutelle.
Au terme de ce rendez-vous, le CNPS devrait envoyer un message fort au gouvernement : le refus de tout ce qui amorcerait le démembrementou la mise sous tutelle des soins de ville et de la médecine libérale. Deux dangers sont identifiés : une étatisation pilotée d'une main de fer par les futures ARS(notamment dans certaines zones désertées du territoire avec des modes d'exercice imposés), mais aussi une «contractualisation individuelle» où les libéraux de santé rémunérés à la performance seraient en position délicate, sous la coupe de caisses locales. L'objectif du CNPS sera donc de (dé)montrer l'urgence de sauvegarder un système de santé dual, public et libéral, en défendant en toute occasion une approche «interpro» (la coopération des professions dans l'intérêt du malade, le partage des tâches, les nouveaux métiers) ainsi que le principe des conventions et des contrats «collectifs». Le CNPS pourrait revenir à l'idée, jamais aboutie, d'un « socle » conventionnel interprofessionnel (accord-cadre), complété et enrichi par des conventions par profession.
L'autre défi assumé par le CNPS est de structurer l'accès aux soins en amont et en aval de l'hôpital public dont les missions seront recentrées. «A l'heure des alternatives à l'hospitalisation, du maintien à domicile, de l'essor de la chirurgie ambulatoire…, il est urgent de savoir qui fait quoi pour sortir de l'hospitalo-centrisme», résume le Dr Chassang.
L'épine MG-France.
Reste une ombre au tableau : le premier syndicat de médecins généralistes, MG-France, accompagné par quelques organisations paramédicales, boude depuis quelques années les travaux du CNPS, a fortiori repris en main par le patron de la CSMF. Et, sur le même sujet central de l'accès aux soins primaires, MG-France préfère s'investir ostensiblement… dans les états généraux «qui sont le centre du débat». Chacun continue d'avancer ses pions. Pour le président Martial Olivier-Koehret, la relance du CNPS présente une importance toute relative. «Je vois cette prise de parole comme une contribution aux états généraux. Si d'autres viennent sur nos thématiques, je m'en réjouis! Et si des forces contraires finissent par converger, tant mieux…» Il faudra encore quelques efforts pour que libéraux de santé parlent d'une seule et même voix.
(1) www.cnps.fr
Pour s'installer, les infirmiers attendent l'IGAS
Montrés en exemple par Nicolas Sarkozy quand il a, à l'automne, lancé le débat sur la liberté d'installation des médecins libéraux, les infirmiers libéraux n'ont pas plus avancé qu'à l'époque. Leurs syndicats et l'assurance-maladie doivent reprendre les discussions sur la régulation de l'offre sur le territoire. Ils attendent au préalable la remise d'un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur la régulation de l'offre de soins globale entre les infirmiers libéraux et les structures d'infirmiers de soins à domicile. «Il n'est pas question de mettre en place une régulation des infirmières libérales tant que l'on assistera à un développement anarchique de certaines structures de services de soins infirmiers à domicile. Nous attendons des garanties de l'Etat sur ce sujet», commente Michel Affergan, de Convergence infirmière.
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