Les mécanismes
Plusieurs manières de se blesser la main lors des sports de ballon existent. Cas le plus fréquent, la main est heurtée par le ballon lui-même, ou bien le joueur se blesse lors d'un contact avec un joueur adverse (cas des contres) ou en tombant. Il est intéressant de rappeler qu'un homme de 70 kg tombant de 30 cm de haut développe une énergie de 103 joules/cm2, alors qu'il suffit de moins de 2 J/cm2 pour déformer une corticale osseuse, et d'encore moins d'énergie pour déchirer un ligament. Les données assurantielles de la confédération helvétique montrent que le volley-ball, le handball et le basket-ball ont, à peu près, le même nombre de blessés chaque année. Ces trois sports représentent, ensemble, un tiers des accidents des sports de ballon. Les lésions sont dans l'ensemble de faible gravité, puisque sur l'ensemble des dépenses assurantielles, 26 % concernent le sport et que ces trois sports réunis représentent ensemble moins de 1 % des dépenses.
Handball
Le handball (300 000 licenciés en France, dont un tiers de femmes) est un sport nécessitant les bras et les mains pour bloquer le ballon ou pour s'en emparer. La balle pèse 425 g pour une circonférence de 58 à 60 cm. Une étude scandinave a retrouvé 41 accidents pour 1 000 heures de jeu chez des joueuses de niveau national et international ; les femmes seraient deux fois plus touchées que les hommes. Les deux tiers des accidents concernent les membres inférieurs (entorses de la cheville et du genou, en particulier). A la main, les fractures (métacarpe, phalange) prédominent. Selon les statistiques de la confédération helvétique, les accidents de la main représentent 25 % des déclarations d'accident de handball. Le traitement préventif représenté essentiellement par le strapping apparaît difficile. En effet, selon les joueurs de haut niveau, le strapping, s'il est mis sur plus de deux doigts, empêche l'écartement des doigts nécessaire à la saisie du ballon et vient interférer avec la résine dont les handballeurs s'enduisent les doigts pour mieux agripper le ballon. Quant aux fréquentes entorses digitales, elles ne sont pas signalées par les joueurs qui ont tendance à les négliger. Enfin, une pathologie particulière a été rapportée plusieurs fois sous forme de cas cliniques : la compression (puis l'occlusion) de l'artère ulnaire dans le canal de Guyon réalisant l'équivalent de l' « Hypothenar Hammer Syndrome ».
Basket-ball
Le basket-ball est un sport populaire (444 900 licenciés en France, dont deux tiers de femmes) au cours duquel les contacts et les accrochages sont interdits ; néanmoins, les lésions s'observent lors des bousculades fréquentes pour tenter d'attraper une balle lourde (de 600 à 650 g pour 75 à 78 cm de circonférence). Encore plus populaire aux Etats-Unis, le basket est le premier pourvoyeur d'accidents sportifs chez les adolescents nord-américains, représentant 19,5 % de l'ensemble des sportifs ; les accidents de basket sont deux fois plus fréquents que ceux de skateboard. Les lésions concernent le plus souvent les membres inférieurs (genou 18,8 %, cheville 16,6 %, rachis 11,7 %, autres lésions 10,8 %), les entorses des doigts représentant seulement 4,9 % des lésions chez les joueuses de haut niveau. Les lésions des doigts sont souvent sous-estimées et non déclarées car 42 % des joueurs ne consultent pas et 72 % sont « guéris » en deux semaines. Lors d'un symposium*, les athlètes et les médecins fédéraux présents ont confirmé que même lorsqu'une luxation des doigts était réduite à chaud sous les paniers, le joueur continuait de jouer sans signaler au staff qu'il était blessé. Selon les données 2003, concernant les 452 joueurs professionnels français, 5 % des lésions concernaient la main. Seul un joueur a été opéré d'une fracture du 5e métacarpien. On dénombre une majorité d'entorses : 9 entorses de la métacarpophalangienne du pouce et 25 entorses ou luxations des doigts longs. Les autres lésions (2 mallet-finger, 1 rupture de l' extensor pollicis brevis, 1 entorse piso-triquetrale, 1 fracture du scaphoïde, 1 chondrome, 1 lésion luno-triquetrale et 1 tendinite de De Quervain) sont plus anecdotiques. En fait, toutes les lésions des doigts sont possibles puisqu'un arrachement des doigts sur l'arceau lors d'un dunk a été rapporté.
Volley-ball
Le volley-ball utilise un ballon de 260 à 280 g qui fait de 65 à 67 cm de circonférence. Les lésions de la main représentent 25 % des lésions des volleyeurs. Elles sont particulièrement liées aux nouvelles techniques : service balancier difficile à rattraper, attaques smashées et surtout « contre » avec les doigts écartés pour augmenter les chances de toucher la balle. Ces chiffres sont probablement sous-estimés car les internationaux présents lors de ce symposium ont confirmé que les lésions, notamment digitales, étaient tellement fréquentes que personne n'y prêtait attention tant qu'elles n'empêchaient pas de jouer. Les lésions déclarées sont des entorses dans 39 % des cas, des fractures dans 25 %. Dans 88 % des cas, elles font suite à un choc direct avec la balle et touchent donc plus souvent le côté dominant. Les joueuses sont plus souvent atteintes (53 %) que les hommes. Les lésions apparaissent dans 45 % des cas au filet, dans 37 % lors des « contre » (blocks) et dans 8 % des cas lors des smashs. Les autres lésions sont rencontrées lors des réceptions et lors des plongeons (saut du tigre).
* Table ronde organisée dans le cadre du symposium de l'Institut de la main, Paris. D'après la communication du Pr Christian Dumontier (Institut de la main et hôpital Saint Antoine, Paris).
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