Dans le monde, on dénombre 100 millions de porteurs de lentilles et près de 3 millions en France, soit 3,34 % de la population, taux inférieur à celui des pays scandinaves (6,42 %) ou britanniques (5,32 %). Les porteurs alternent volontiers lunettes et lentilles en fonction de leurs activités pendant la journée et la soirée et de leur souhait du moment. Les lentilles ont un avantage esthétique indéniable sur les lunettes, mais elles permettent aussi parfois d’obtenir une meilleure acuité visuelle.
Souples ou rigides ?
Disponibles depuis quarante ans, les « lentilles souples hydrophiles » (LSH) ont séduit les porteurs et les ophtalmologistes, et représentent aujourd’hui 80 % de l’ensemble des lentilles, les lentilles rigides perméables aux gaz (LRPG) comptant pour 20 %. La combinaison, depuis 1999, du silicone avec des monomères d’hydrogels représente une avancée technologique majeure du fait de la très forte perméabilité à l’oxygène (Dk) ainsi obtenue. Efficaces, « faciles » (disponibilité à l’essai et prescription simplifiée pour le praticien, contraintes d’entretien réduites au minimum pour le porteur et confort optimum), les lentilles souples peuvent cependant entraîner des intolérances et effets secondaires du fait de la lentille ou du produit d’entretien. Lorsqu’il porte une lentille souple, un œil doit rester blanc, signe d’un « calme » locorégional. Elles sont contre-indiquées dans toutes les amétropies non ou incomplètement résolues par une correction sphérocylindrique et donc inefficacement corrigées par les LSH, mais aussi dans toute circonstance de vie ou de travail pouvant altérer les propriétés biophysiques du matériau (chaleur ou froid extrêmes, vents ou ventilations directes, solvants toxiques…), antécédents de conjonctivite chronique, syndrome sec sévère. Le port permanent ou continu est contre-indiqué chez les patients à risque infectieux (diabétiques, nageurs réguliers en piscine, fumeurs…)
« Les lentilles rigides (LRPG) offrent quant à elles des performances optiques inégalables, tout particulièrement pour la correction des fortes amétropies et des irrégularités cornéennes. La sécurité de port surclasse celle de toute LSH, avec possibilité de port prolongé pour les LRPG à hyper-Dk. Ces dernières sont les seules à être indiquées chez les enfants de moins de 16 ans », souligne le Dr Frédéric Vayr (attaché à la Fondation Rothschild, Paris).
Le rythme de surveillance est variable suivant la durée de port et le type de port, les facteurs de risque de chacun… En cas de port journalier non prolongé, un contrôle à trois mois, six mois et un an est recommandé (contrôle supplémentaire après le premier mois de port ininterrompu).
Pour les myopes…
La myopie est l’indication phare des lentilles de contact, de par sa fréquence dans la population (10 à 12 % de la population européenne, en augmentation notamment du fait du travail sur écran) et par son essence même – sans correction, les myopes voient mal, et ils portent très longtemps leurs lentilles par rapport aux autres amétropies. La myopie représente donc environ 60 % de l’ensemble des lentilles vendues et 90 % des lentilles souples. Selon l’âge de la personne, le degré de myopie et la régularité d’utilisation, on pourra proposer des lentilles rigides, des lentilles souples, voire des lentilles jetables journalières en complément des autres types de lentilles. Actuellement, en France, l’équipement en lentilles de contact des myopies de plus de - 8 D est pris en charge par les caisses d’assurance-maladie.
« L’examen préalable au port de lentilles doit être le plus complet possible, comportant notamment la mesure de la pression intraoculaire, car la pathologie glaucomateuse est sournoise chez le myope fort et plus grave que sur un œil sain », souligne le Dr Sylvie Berthemy-Pellet (ophtalmologiste, attachée au CHU de Grenoble).
Un bon entretien
L’entretien est un élément clé dans le succès et dans la sécurité du port des lentilles de contact. Un entretien inadapté ou incomplet rend le port inconfortable et serait à l’origine de nombreux abandons. L’implication d’une solution d’entretien dans la survenue de kératites à Fusarium en 2006, suivie quelques mois plus tard par une augmentation de kératites amibiennes, a conduit à remettre an cause les normes actuelles d’efficacité des solutions d’entretien. La dérive de leur utilisation par les porteurs (non-renouvellement journalier de la solution, non-respect des temps de contact avec les lentilles, quantité insuffisante de solution pour le trempage des lentilles) doit-elle conduire à prévoir des solutions d’entretien avec des marges de sécurité d’utilisation supplémentaires ? Des groupes d’experts travaillent actuellement sur cette question. « Obtenir des solutions plus puissantes en termes d’efficacité antimicrobienne est certes possible, mais l’efficacité et la tolérance oculaire locale (absence de toxicité) sont un couple indissociable dont il faut respecter l’équilibre », souligne le Dr Louisette Bloise (ophtalmologiste, Saint-Laurent-du-Var).
Des campagnes de formation et d’information sur les règles d’hygiène et d’entretien liées au port des lentilles demeurent un élément clé dans la prévention des complications. La sensibilisation des porteurs au respect des recommandations doit être renforcée lors de l’adaptation et du renouvellement des lentilles. À l’avenir, des traitements anti-infectieux pourraient être intégrés dans les lentilles.
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