EN CAS de pandémie grippale, avant que le vaccin et les traitements puissent être disponibles pour la majorité des habitants, des mesures de prévention de la contagion doivent être mises en place. L'analyse de l'effet de certaines de ces mesures non pharmacologiques qui avaient déjà été préconisées eu cours de la pandémie de 1918 permet d'établir leur place dans les plan pandémiques nationaux et internationaux. L'impact des mesures de quarantaine et de restriction des activités collectives sur les épidémies ne faisait aucun doute en 1918. Pourtant, toutes les villes américaines n'ont pas mis en place les mêmes mesures. Le calendrier des initiatives locales a été laissé à l'appréciation individuelle par les maires. L'équipe du Dr Richard Hatchett a analysé la situation sanitaire de deux villes qui ont adopté deux politiques locales diamétralement opposées : Philadelphie et Saint Louis.
La parade de Philadelphie.
A Philadelphie, les premiers civils décédés de la grippe ont été signalés le 17 septembre 1918. Néanmoins, en dépit de cette situation sanitaire, les autorités locales ont décidé de ne pas annuler la « parade » (fête populaire aux Etats-Unis) dans les rues de la ville. Les mesures d'interdiction des rassemblements publics et les fermetures d'écoles n'ont eu lieu qu'à partir du 3 octobre 1918. A Saint Louis, en revanche, alors que les premiers morts avaient été recensés le 5 octobre, dès le 7 du même mois, les écoles ont été fermées ainsi que les théâtres, les églises et les dancing. Dans les deux villes, plusieurs autres mesures ont été mises en place de façon groupée à Saint Louis et à quelques jours d'intervalle à Philadelphie : notification de la maladie, interdiction des rassemblements publics, mesure de quarantaine pour les malades et interdiction d'assister aux enterrements.
«Lorsque les interventions non pharmacologiques ont été mises en place très tôt par rapport au début de l'épidémie et qu'elles ont inclus un grand nombre de mesures parmi les 19 recensées, le nombre des décès a été réduit de 50%. Lorsque les mesures de protection n'ont pas été groupées ou qu'elles ont été mises en place de façon légèrement retardée par rapport au début de l'épidémie, le nombre des décès était abaissé de 20% par rapport aux villes qui n'avaient pas mis en place de système de protection des personnes», analysent les auteurs. Dans l'ensemble, les villes ont maintenu les mesures de restriction pendant une moyenne de six semaines et, comme on pouvait s'y attendre, la deuxième vague épidémique a touché de façon plus prononcée les villes qui s'étaient le mieux protégées au cours de la première vague.
En attendant médicaments et vaccins.
Ce travail semble confirmer l'impact des mesures non pharmacologiques qui pourraient être mises en place pour lutter contre une éventuelle pandémie grippale en attendant que les médicaments et les vaccins soient disponibles. Il ne permet pas de connaître avec précision l'impact de la grippe sur la morbidité globale de la population puisque aucune donnée de cet ordre n'est disponible pour l'épidémie de 1918.
« Proc Natl Acad Sci USA », édition avancée en ligne.
Le plan pandémie grippale en France
Au stade 4B de la pandémie (cas humains en France limités et localisés), des mesures non pharmacologiques sont prévues afin de freiner la transmission du virus sur le territoire national. Pendant la phase initiale, une réduction, voire une interruption de certains transport collectifs, lieux potentiels de la contamination, est envisagée. Elle s'accompagnerait rapidement d'une fermeture des crèches, des établissements d'enseignements, de formation, des internats et des lieux d'accueil collectifs des mineurs.
Certaines activités collectives seraient suspendues : spectacles, rencontres sportives, foires et salons, grands rassemblements. Les activités culturelles seraient limitées. Enfin, il est prévu une restriction des visites et un contrôle d'accès aux établissements hospitaliers, maison de retraites, établissements médico-sociaux et une restriction des activités professionnelles, sociales, éducatives et associatives non essentielles.
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