Baisse du LDL cholestérol

Les laits et yaourts enrichis en phytostérols aussi efficaces que les margarines

Publié le 07/07/2004
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De notre envoyée spéciale
à Biarritz

LES PHYTOSTEROLS sont des composés proches du cholestérol présents dans les plantes (bois de pin, huiles végétales, noix, graines, légumineuses). Les phytostanols désignent ces composés artificiellement hydrogénés. L'effet hypocholestérolémiant des phytostérols est connu depuis longtemps. Mais l'alimentation « normale » n'apportant pas une quantité suffisante de stérols végétaux pour obtenir un effet intéressant, il a fallu attendre la fin des années 1990 pour que l'effet hypocholestérolémiant d'une margarine enrichie en esters de phytostérols (Pro-activ d'Unilever Bestfoods) ou en phytostanols (Benecol) soit démontré.
Les phytostérols agissent en inhibant l'absorption intestinale du cholestérol, qu'il s'agisse du cholestérol alimentaire (un tiers du cholestérol intestinal) ou endogène contenu dans les sels biliaires (les deux tiers du cholestérol intestinal). Présents dans l'intestin, les phytostérols non seulement forment avec le cholestérol un précipité insoluble éliminé dans les selles, mais également entrent en compétition avec le cholestérol, pour être intégrés à la place de celui-ci dans les micelles. Le cholestérol non intégré dans les micelles est éliminé dans les fèces, tandis que les phytostérols présentés au niveau des cellules en brosse de la muqueuse intestinale ne sont pas absorbés (en raison de leur différence structurelle avec le cholestérol) et sont eux aussi éliminés dans les selles.

Une baisse de 12 % du LDL cholestérol.
Plus de quarante et un essais ont montré une réduction du LDL cholestérol de 12 % en moyenne consécutive à la consommation de 2,5 à 3 g par jour d'esters de phytostérols incorporés dans une margarine enrichie à 8 % (Pro-activ). L'effet additif des phytostérols à celui d'un régime alimentaire ou de traitements pharmacologiques a également été prouvé à travers différents travaux.
Toutefois, le recours possible à d'autres vecteurs alimentaires, en particulier les produits laitiers allégés en matières grasses, passait par la démonstration du maintien de l'effet hypocholestérolémiant des esters de phytostérols incorporés. Noakes et coll. (sous presse) ont montré que 2 g d'esters de phytostérols diminuaient de 8 % le cholestérol total (CT) et de 10 % le LDL cholestérol (LDL-C) quand ils étaient apportés par 20 g de margarine enrichie, et de 5,5 % le CT et de 7,9 % le LDL-C lorsqu'ils étaient apportés par 300 ml de lait : la différence entre les deux vecteurs alimentaires n'était pas significative, alors que celle avec les mêmes aliments non enrichis l'était.
L'étude de Clifton et coll. confirme l'efficacité de tous les vecteurs alimentaires testés comparés aux aliments non enrichis, avec toutefois quelques variations selon les aliments choisis : 1,6 g/j d'esters de phytostérols incorporés dans 65 g de pain diminuent de 6,5 % le LDL-C, dans 45 g de céréales, de 5,4 %, dans 500 ml de lait, de 15,9 %, et dans 200 g de yaourt, de 8,6 %. « Il est possible que la présence de fibres dans le pain et les céréales réduise légèrement l'effet hypocholestérolémiant des phytostérols », a proposé comme explication le Dr Elke Trautwein.

Les paramètres à prendre en compte.
D'autres travaux ont confirmé l'efficacité des phytostérols quels que soient le vecteur alimentaire et la variabilité de l'intensité de l'effet, qui dépend de nombreux facteurs : la dose quotidienne de phytostérols ou de phytostanols apportée, la forme physique du composé végétal (stérols libres, estérifiés ou émulsifiés), la solubilité du composé dans le vecteur alimentaire ainsi que sa dispersion dans la matrice lipidique, la teneur en lipides de l'aliment, l'heure et la fréquence des prises ainsi que leur association à un repas.
Comme l'a précisé Elke Trautwein, la dose recommandée se situe entre 2 et 3 g de phytostérols, correspondant à trois portions ; la forme estérifiée est préférable à la forme libre ; les vecteurs alimentaires allégés en matières grasses n'altèrent pas l'efficacité hypocholestérolémiante des phytostérols, qui utilisent les acides gras présents dans l'intestin pour entrer dans les micelles et inhiber l'absorption du cholestérol. « La mise à la disposition des consommateurs de plusieurs types d'aliments enrichis en phytostérols (margarines à tartiner ou à cuire, lait et yaourts allégés en MG) devrait permettre d'atteindre plus facilement la dose quotidienne utile ; encore fallait-il démontrer la pertinence de la démarche », a conclu le Dr Elke Trautwein.

* Biarritz. Communication d'Elke Trautwein (recherche Unilever Bestfoods) au 1er Congrès annuel de la Nouvelle Société française d'athérosclérose.

> Dr DENISE CARO

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7574