Laine de verre, laine de roche et laine de laitier : ces fibres sont très largement utilisées depuis des dizaines d'années dans l'isolation thermique et acoustique ; c'est dire que le programme d'études que leur a consacré un groupe de 19 chercheurs venus de 11 pays différents et réunis par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) était très attendu en Europe comme aux Etats-Unis, pour savoir si les fibres libérées dans l'air par ces matières minérales artificielles, que ce soit au cours de leur fabrication, de leur utilisation ou de leur enlèvement, présentent ou non un risque de cancer lorsqu'elles sont inhalées.
Et c'est une bonne nouvelle : les études épidémiologiques très poussées qui ont été menées depuis la dernière évaluation, en 1988, ne montrent pas de risques accrus de cancer du poumon ou de mésothéliome liées à une exposition professionnelle ; elles révèlent, en outre, des indications insuffisantes globalement pour tout risque de cancer.
Attention aux fibres céramiques
Du coup, leur classement est revu à la baisse, quittant le groupe des produits peut-être cancérogènes (2B) pour passer dans le groupe 3, celui des substances qui ne peuvent être classées quant à leur cancérogénéité.
En revanche, le CIRC maintient dans le groupe 2B les produits les plus biopersistants. Il s'agit des fibres céramiques réfractaires qui sont employées dans l'industrie comme isolant dans les environnements à température élevée, comme dans les hauts fourneaux et certaines laines de verre à usage particulier, non utilisées comme isolant.
« A l'instar de l'amiante, ces fibres céramiques une fois inhalées restent à l'intérieur de l'arbre pulmonaire, alors que les autres fibres de laine sont éliminées beaucoup plus rapidement », explique le Dr Yann Grosse, du CIRC. L'amiante (cancérogène avéré, classé dans le groupe 1) est extrêmement lent à se décomposer et à disparaître des tissus corporels dans lesquels elle s'est déposée. Cette caractéristique biopersistante est à l'origine de l'activité cancérogène importante déclenchée par ces fibres.
L'étude peut être consultée en ligne : http://monographs.iarc.fr sous « Agents dernièrement évalués ».
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