H YSTERECTOMIE, chirurgie de la cataracte, traitement de l'asthme, du diabète et de l'hypertension, traitement de substitution pour les toxicomanes, traitement de l'acné : pour la deuxième année consécutive, la Caisse nationale d'assurance-maladie a présenté la synthèse de 22 études réalisées par ses services sur certaines pratiques médicales qui en révèle les carences mais aussi les progrès.
Les carences ont été observées pour le traitement chirurgical de la cataracte ou de l'hystérectomie. Dans ce dernier cas, une étude conduite en Bretagne a montré que, dans 50 % des cas, les femmes ne bénéficiaient pas au préalable d'un traitement médicamenteux et qu'un tiers des chirurgiens ne réalisaient qu'une hystérectomie par trimestre. Or l'étude démontre que plus le chirurgien pratique d'hystérectomies, plus la méthode d'intervention est adaptée à la patiente et se réalise plutôt par voie basse.
Pour le traitement de la cataracte, si la situation est, selon la CNAM, globalement satisfaisante, il reste des zones de non-qualité notamment certains établissement où un tiers des interventions utilisent des techniques plus lourdes que la phaco-émulsification qui est recommandée. Par ailleurs, en Languedoc-Roussillon, 17 % des interventions se font encore sous anesthésie générale plutôt que locorégionale.
La CNAM souligne également l'absence de précautions suffisantes dans la prescription d'isotrétinoïne pour les formes sévères d'acné, la proportion importante de coloscopies non conformes aux recommandations dans le diagnostic et le suivi du cancer du côlon qui touche 33 000 nouveaux patients par an en France ou encore le mauvais suivi des patients asthmatiques.
L'assurance-maladie note quelques progrès, notamment dans le traitement du diabète, qui fait l'objet, depuis deux ans, d'un programme de santé publique conduit par la CNAM. Le suivi biologique des patients, qui restait, selon une première évaluation, très insuffisant, s'est considérablement amélioré, constate le Pr Hubert Allemand, médecin-conseil national, puisqu'il est passé, grâce à une action d'information, de 41 % des patients à 55 % en quelques mois. Les mêmes résultats ont pu être observés dans les traitements de substitution prescrits aux toxicomanes dans le cadre d'expérimentations menées dans plusieurs régions et qui a permis dans 80 % une amélioration de l'état sanitaire et social et une diminution du nomadisme médical. D'importants dysfonctionnement observés dans un établissement psychiatrique dans la région Provence - Alpes - Côte d'Azur ont pu être en partie résorbés grâce à une action conjointe des professionnels et de l'assurance-maladie.
Un rôle de garant
« Il n'est pas question, à travers ce travail, de discréditer le corps médical mais de réparer les zones de non-qualité afin de rapprocher les pratiques des recommandations scientifiques. Nous voulons jouer notre rôle de garant de la qualité des soins », a affirmé Jean-Marie Spaeth, président de la CNAM.
Au moment où tout le monde s'interroge sur l'avenir du système de santé et son efficience, la CNAM entend ainsi prouver qu'elle est déjà passée à l'acte et qu'elle a donné une traduction concrète à l'évaluation des pratiques médicales que beaucoup appellent de leur vœux. « Nous montrons ainsi que l'assurance-maladie n'a pas seulement vocation à gérer les dépenses mais que notre action porte sur l'ensemble du système de soins », a confirmé Gilles Johanet, directeur de la CNAM, qui a annoncé son intention « de pousser les feux sur les modalités de contrôle pour les rendre plus efficientes », y compris dans les hôpitaux publics.
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