Avec un chiffre d'affaires de 542 millions d'euros et un résultat net de 54 millions d'euros (soit une croissance de 8,4 % du chiffre d'affaires entre 2000 et 2001), Bernard Hélain se déclare confiant. Soixante-trois pour cent de ce chiffre d'affaires est réalisé à l'international, ce qui s'explique par le développement continu du fénofibrate sur ses nouveaux marchés (Amérique du Nord, Japon). Trois ans après l'introduction du fénofibrate sur le marché américain (en partenariat avec Abbott), le chiffre d'affaires atteint 264 millions de dollars (2001). Pour 2002, les ventes devraient représenter 422 millions de dollars.
Ce succès commercial s'accompagne de la volonté de prolonger le développement clinique du Lipanthyl, molécule pourtant génériquée en France et dans plusieurs pays européens. L'étude FIELD (Fenofibrate Intervention and Even Lowering in Diabetes) qui est la plus large étude conduite à ce jour dans le diabète (plus de 9 000 patients inclus) et dont les résultats seront disponibles en 2005 illustre cette politique.
Si la participation du fénofibrate au « Life Cycle Management » est l'une des priorités de Fournier, c'est loin d'être la seule, comme le souligne Jean-Louis Junien, directeur scientifique de la branche pharmacie. Fournier a décidé de se recentrer sur les maladies métaboliques et associées (diabète et obésité, syndrome métabolique), son secteur d'excellence et sur un nombre limité de projets afin de pouvoir leur consacrer des ressources suffisantes.
Fournier, qui a la volonté de maîtriser les technologies clés de sa recherche et développement, a organisé son centre de recherche de Daix (Côte-d'Or) en plusieurs départements. D'abord, un département de biologie exploratoire avec criblage à haut débit de la banque de produits de synthèse chimique des Laboratoires Fournier, en choisissant des produits ayant une action pharmacologique via une action sur plusieurs gènes, impliqués dans l'homéostasie métabolique. Ensuite, un département de chimie qui constitue la banque de données de produits des Laboratoires Fournier. En troisième lieu, un département de pharmacologie qui recherche et étudie de nouveaux candidats médicaments pour le traitement du diabète de type 2, de l'obésité, des dyslipidémies et des pathologies associées et qui travaille aussi sur une nouvelle classe de composés analgésiques destinés notamment au traitement des douleurs inflammatoires chroniques. Il y a aussi un département ADME (Absorption Distribution Métabolisme Excrétion) qui intervient dès les étapes précoces du criblage afin d'optimiser le choix des molécules à développer. Enfin, le département de l'information scientifique assure la gestion des résultats de la recherche, apporte son aide à la conception de nouvelles molécules grâce à la modélisation moléculaire, gère la documentation et assure une veille scientifique et concurrentielle.
Alliances pour la recherche et le développement
Si Fournier entend maîtriser les technologies clés nécessaires à son développement, un laboratoire de cette taille doit, bien entendu, conclure des alliances stratégiques aussi bien au niveau de la recherche qu'au niveau du développement.
En ce qui concerne la recherche proprement dite, Fournier a notamment conclu deux accords : l'un avec Cerep portant sur la chimie combinatoire ; l'autre avec la société Genfit dont le président du conseil de surveillance est le Pr Jean-Charles Fruchart et qui est spécialisée dans la génomique des maladies métaboliques cardio-vasculaires et inflammatoires. Ce dernier partenariat est d'ailleurs naturel dans la mesure où l'on sait que le mécanisme d'action du fénofibrate, qui passe par une activation des récepteurs nucléaires PPAR alpha a été récemment élucidé par l'équipe du Pr Fruchart.
En ce qui concerne le développement, Fournier a besoin de partenaires pour allier « rapidité et envergure ». C'est le sens du partenariat conclu avec GSK, avec l'objectif d'assurer le développement et la commercialisation dans le monde d'un nouvel antithrombotique actif par voie orale, l'odiparcil dans la prévention de la maladie veineuse thromboembolique.
Cet exemple illustre la volonté de Fournier de concentrer ses efforts sur des molécules à forte valeur ajoutée. On peut citer un autre produit, le LF 16-0687, antagoniste puissant du récepteur B2 de la bradykinine, qui pourrait prévenir l'dème cérébral et l'élévation de la pression intracrânienne, permettant une réduction de la mortalité à court terme des traumatismes crâniens graves. Cette molécule, issue de la recherche Fournier, est développée en collaboration avec l'Americain Association for Brain Injury et a obtenu une procédure d'enregistrement rapide de la FDA.
Autre exemple : le LF 15-0195, (Anis Perenus) immunosuppresseur original induisant une tolérance en transplantation d'organes solides. Ce produit qui est prêt pour un passage en phase II fera vraisemblablement l'objet d'un partenariat de développement. Enfin, Fournier vient de signer un accord avec Zambon portant sur la recherche et le développement, dans l'inflammation et l'asthme de molécules issues de la recherche Fournier.
Les recherches de Fournier ramènent aux maladies métaboliques avec notamment une piste intéressante dans le traitement du diabète de type 2. Il s'agit d'une molécule capable de corriger la glycémie tout en réduisant fortement le poids corporel chez le rat Zucker, animal obèse et diabétique.
En définitive, comme le souligne Bernard Hélain, Fournier, fort d'une identité et d'une image solides, s'engage résolument sur la voie de la différence. Il est conscient du fait qu'être un petit laboratoire procure bien des avantages : l'indépendance, la rapidité d'action et la réactivité, la relative continuité des choix et, en définitive, une performance qui peut égaler, voire surpasser celle de grosses structures dont la plupart se réorganisent, fusion après fusion. Reste que pour relever un tel pari, il y a peu de droits à l'erreur et qu'il faut donc miser sur la recherche avec discernement, en sachant exactement ce que l'on peut faire soi-même ou ce qui relève de partenariats.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires Fournier.
Le groupe Fournier
Le Holding Fournier Industrie et Santé au capital 100 % privé et familial, dont la direction générale vient d'être reprise par Hervé Le Lous, regroupe les Laboratoires Fournier, Urgo et deux autres sociétés moins connues des médecins, Plasto (adhésifs et polymères) et Synkem (activité chimique). C'est bien sûr la branche Pharmacie qui domine, représentant en 2001, 71 % du chiffre d'affaires et environ 90 % des résultats du groupe. Urgo est le second grand pôle avec un peu moins de 20 % du chiffre d'affaires.
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