SELON une étude du Bipe, société de conseil s'appuyant sur la prévision économique, le chiffre d'affaires mondial des laboratoires du G5 (1) s'est élevé à 30 milliards d'euros en 2004.
Mais, note l'étude, si les médicaments produits par les laboratoires du G5 ont coûté 3,65 milliards d'euros en remboursement à la Sécurité sociale, ils ont permis en retour la pérennisation de près de 40 000 emplois en France, avec les cotisations sociales correspondantes, des recettes fiscales élevées « augmentées des prélèvements spécifiques à l'industrie pharmaceutique », ainsi que des investissements de recherche et développement (R&D) de 2 milliards d'euros en France.
Sans oublier 5,54 milliards d'euros d'excédent pour la balance commerciale française.
Fort de ces enseignements, Jean-Luc Bélingard, P-DG des Laboratoires Ipsen et responsable du G5, a tenu à en tirer les conséquences, alors que tous les regards sont tournés vers Bercy et le ministère de la Santé, qui devaient rendre leur avis sur le déremboursement ou non des 221 médicaments jugés à SMR insuffisant par la Haute Autorité de santé (HAS). Pour Jean-Luc Bélingard, « le G5 comprend fort bien les contraintes des régimes sociaux et leur régulation. Nous demandons seulement que cette régulation se fasse à l'aune de la réalité économique des laboratoires pharmaceutiques. Sur les déremboursements, les arbitrages ne sont, à ma connaissance, pas encore faits, mais nous tenons à dire que certaines mesures peuvent avoir des effets délétères. La multiplication des tarifs forfaitaires de remboursement (TFR) ainsi que des mesures sèches de déremboursement pourraient porter un coup dévastateur et déstabilisateur à notre compétitivité.
Nous souhaitons trouver une solution par le dialogue, car on parle de demander aux laboratoires pharmaceutiques un effort supplémentaire de 1,7 milliard d'euros en plus des 2,1 milliards déjà prévus par le plan Médicament. La Haute Autorité de santé dit elle-même que les 221 médicaments à SMR insuffisant restent des médicaments efficaces. Nous souhaitons donc au moins l'instauration d'un taux de remboursement intermédiaire ».
L'inquiétude des multinationales.
Quant au LIR (Laboratoires internationaux de recherche), qui regroupe quinze filiales françaises des principaux laboratoires internationaux, il prévient, par la voix du Dr Brigitte Calles, sa directrice, que « le médicament apportant un progrès thérapeutique aux patients ne peut supporter seul tous les efforts financiers, au risque de menacer durablement la recherche en France ».
Le LIR rappelle que les laboratoires pharmaceutiques contribuent déjà largement à la réforme de l'assurance-maladie au travers du plan Médicament (2,11 milliards d'euros d'économies d'ici à 2007) .
De plus, ajoute Brigitte Calles, « cet effort se traduit sur l'année 2005 par une inflexion significative des remboursements de médicaments dès les huit premiers mois de 2005 (4,1 % de hausse, contre 7 % en 2004, source Cnamts) et par une croissance nette des ventes de médicaments génériques (selon le Leem, les ventes de médicaments génériques représentent aujourd'hui 57 % des ventes de boîtes de médicaments inscrits au répertoire générique) ».
Le LIR s'inquiète des nouvelles mesures d'économies de 1,7 milliard d'euros, qui pourraient être annoncées par le gouvernement.
De son côté, Christophe Weber, P-DG de GlaxoSmithKline France et président du LIR, assure que « le déficit (de l'assurance-maladie, ndlr) restera important, malgré les premiers résultats encourageants de la réforme, car la croissance du PIB (produit intérieur brut) est trop faible, limitant dès lors les recettes. Affaiblir la recherche biomédicale en France pour combler ce déficit n'est pas la solution, ni pour les patients ni pour les entreprises ».
Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a fait savoir qu'il rendrait sa décision sur les éventuels déremboursements des 221 médicaments à SMR insuffisant avant la fin du mois de septembre. Ces déremboursements pourraient faire économiser 500 millions d'euros à l'assurance-maladie.
(1) Le G5 regroupe les laboratoires pharmaceutiques français Sanofi-Aventis, Servier, Pierre Fabre et Ipsen. Un cinquième laboratoire, Fournier, ne fait plus partie du groupe depuis qu'il a été cédé au belge Solvay.
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