« A ce soir », de Laure Duthilleul

Les jours d'après

Publié le 13/09/2005
Article réservé aux abonnés
1276206918F_Img224384.jpg

1276206918F_Img224384.jpg

RÉALISÉ en 2004, présenté la même année au festival de Cannes dans la section Un certain regard, « A ce soir », malgré la présence de Sophie Marceau, ne sort qu'aujourd'hui. Les voies de la distribution sont impénétrables. Le thème du film, il est vrai, banal et audacieux, n'est pas de ceux qui font courir les foules. C'est celui de la mort brutale, du deuil auquel on n'est pas préparé.
Le médecin du village (le film a été tourné à Uzeste dans la maison du Dr Pascal Seguin) meurt subitement. Le matin, lui et son épouse infirmière, Nelly, s'étaient séparés sur un simple « A ce soir ». Le couple battait de l'aile, tout ce qui n'avait pas été dit entre eux va peser sur Nelly. Sa première réaction est la colère.
Laure Duthilleul raconte avoir eu l'idée de ce qui devait devenir sa première réalisation lorsqu'elle a appris la mort du cinéaste Robert Kramer, avec lequel elle avait fait son premier film, en 1982 (« A toute allure »). C'était en septembre 2001 au moment de l'attentat du World Trade Center. « Tous ces morts... Qu'on ne nous montrait jamais, tous ces chagrins surexposés, utilisés, détournés, impossible d'y trouver une spiritualité salvatrice, et sans spiritualité, comment vivre ? Il y avait en moi beaucoup de choses incomprises autour de la mort et donc de la séparation à jamais. »
Le résultat de cette interrogation est un film fluide, d'une grande simplicité : quatre jours dans la vie d'une femme, de ses enfants, de la famille du mort (dont son frère charpentier, joué par Antoine Chappey). Quatre jours pendant lesquels Nelly joue son rapport avec la mort, avec le mort, et sa façon de revivre. Sophie Marceau incarne avec justesse la force mêlée de douceur de ce personnage qui passe outre les conventions.

> R. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7800