LES FACULTÉS DE MÉDECINE vont accueillir leurs premiers bataillons d'étudiants dans les prochains jours. Mais pour certains la rentrée a commencé sur les chapeaux de roue. Les représentants des étudiants en médecine et des internes ont en effet suivi attentivement la conclusion des négociations conventionnelles des infirmières jeudi dernier (« le Quotidien » d'hier). L'expérimentation pendant deux ans de la restriction de l'installation d'infirmières libérales dans les zones où elles sont déjà particulièrement nombreuses, en échange de revalorisations, inquiète particulièrement les médecins en formation. «Nous avons une drôle d'impression de déjà-vu, explique Anne-Laure Lepori, présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Constater que les infirmières se sont fait avoir comme ça nous effraie.» Les jeunes médecins ne sont pas sereins et ils sont prêts à se mobiliser si des dispositions similaires venaient à être proposées lors des négociations avec les médecins. «Je crains que l'on vive la même rentrée agitée que l'an dernier, ajoute Anne-Laure Lepori. Quand on voit la tournure que prend la loi “Hôpital, patients, santé, territoires” et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) que l'on annonce pire que l'an dernier!» Après la tentative de régulation des médecins libéraux dans le PLFSS 2008, qui avait mis étudiants et internes dans la rue à l'automne dernier, les jeunes médecins assurent qu'ils seront vigilants. «Il n'y a pas de raison pour que le gouvernement ne mette pas en place les mesures incitatives discutées lors des états généraux de l'organisation de la santé (EGOS), insiste Benoît Elleboode, président de l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH) . Toutes les mesures coercitives ont montré qu'elles n'avaient pas d'efficacité. Au contraire, dans une région comme la Basse-Normandie qui n'est pas la plus attractive de France, des solutions ont été trouvées, des maisons de santé ouvertes, la permanence des soins organisée...» Internes et étudiants vivraient comme une trahison du ministère de la Santé toute orientation différente. «Cela voudrait dire que l'on nous aurait menés en bateau depuis un an», indique Benoît Elleboode. Pour l'heure, le président de l'ISNIH veut croire en la parole des organisateurs des EGOS et du directeur de l'UNCAM. Ce dernier a en effet assuré que des mesures intergénérationnelles seraient appliquées pour assurer une meilleure répartition des praticiens sur le territoire si les incitations venaient à échouer. Autant que le contenu de l'avenant conventionnel des infirmières, c'est la manière dont il a été conclu qui interpelle les leaders des structures de jeunes médecins.
Conflits de générations.
«Les syndicats seniors se sont négociés une revalorisation salariale sur le dos des jeunes», lâche Benoît Elleboode. «Laisser le soin aux aînés de trancher dans le vif l'avenir des plus jeunes, avec pour corollaire la garantie que les libéraux déjà installés n'auront pas d'effort à consentir, n'auront pas de jeunes concurrents, et verront même leurs revenus augmenter; quel sacrifice et quel courage!», enchérit Olivier Véran, porte-parole de l'ISNIH. Ce scénario est-il envisageable avec les jeunes médecins ? «On sait que les syndicats seniors ne pensent pas comme nous, confie Bérengère Crochemore, présidente de l'Intersyndicale nationale représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). Mais il ne faut pas que ce que nous construisons depuis un an soit détruit par des gens qui refusent de comprendre.» À entendre les jeunes médecins, vouloir faire peser les efforts sur les seuls nouveaux diplômés risque de les amener à exercer la médecine autrement qu'en libéral. «Effectuer un copier-coller entre les infirmières et les médecins serait une énorme bêtise pour le système de soins», conclut la présidente de l'ISNAR-IMG. Les associations de jeunes médecins devaient s'associer avec la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) et aux étudiants d'autres filières de santé pour condamner l'accord conclu par les infirmières.
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