LES INTERNES de médecine générale souhaitent une évolution de leur formation pratique (« le Quotidien » du 18 février). La récente enquête de leur Intersyndicale nationale autonome (ISNAR-IMG) le prouve. Quelque 79 % des internes jugent leur formation «pas assez polyvalente pour la pratique future», 64,7 % la trouvent «trop hospitalière» et 82,3 % ressentent «un manque de stages ambulatoires». «L'enquête exprime un désir de réforme», explique l'ISNAR-IMG. Forte de ce constat, l'Intersyndicale vient de valider lors de son conseil d'administration un projet de diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine générale. Dans ce document d'une quarantaine de pages, le syndicat demande la rénovation de la maquette du DES.
Première nouveauté : l'ISNAR-IMG souhaite que le DES de médecine générale passe de trois à quatre ans. Le syndicat milite ensuite pour un diplôme «plus professionnalisant». Dans son nouveau schéma, les internes seraient formés à l'hôpital pendant les semestres d'hiver et en ambulatoire pendant les semestres d'été des trois premières années d'internat. La quatrième année serait consacrée au projet professionnel du futur omnipraticien.
Les stages permettraient de former successivement les étudiants aux soins et à la prévention, à la coordination et à la permanence des soins. Le dernier stage consisterait à rendre plus autonomes les internes lors de la réalisation d'un stage autonome en soins primaires ambulatoires supervisés (SASPAS). L'ISNAR-IMG réclame l'introduction de la permanence des soins dans la formation des internes avec des stages chez le médecin généraliste et d'autres professionnels de santé (infirmiers, kinésithérapeutes, orthophonistes, psychologues, sages-femmes, pharmaciens...) ou des médecins spécialistes de ville (dermatologues, pédiatres, gynécologues, SOS Médecins...).
Plus de PDS et d'ambulatoire.
La priorité de l'ISNAR-IMG est d'optimiser la formation initiale avec davantage de stages en ambulatoire. «Après six années de formation exclusivement hospitalière en CHU, il existe un réel besoin des internes de se former sur leur futur terrain d'exercice». La nouvelle maquette propose donc un socle minimal de 18 mois en milieu ambulatoire répartis sur les trois premières années du DES, pouvant s'étendre jusqu'à 30 mois selon le projet professionnel de l'interne.
Lors de son stage en SASPAS, l'interne aurait une activité limitée – six à douze actes par demi-journée – et ne pourrait travailler plus de deux jours consécutifs.
Dans ce schéma, les stages semestriels en milieu hospitalier se dérouleraient en médecine adulte, en urgences adultes et en gynécologie obstétrique ou pédiatrie dans des services agréés des centres hospitaliers universitaires (CHU) ou généraux.
L'interne de médecine générale pourrait être amené à effectuer des remplacements à l'issue de son cinquième ou de son sixième semestre validé.
Dernière proposition : que les internes puissent choisir leurs stages sur une période d'un an. « Un choix de poste sur un an permettrait de préparer plus à l'avance un éventuel déménagement, au lieu d'être contraint à s'organiser deux semaines avant le changement de semestre, comme c'est souvent le cas actuellement.»
Le syndicat attend beaucoup de la redéfinition de la maquette du DES. «On peut espérer que l'évolution du cursus, permettant de former des praticiens mieux préparés, amènera à un choix plus prononcé et plus éclairé de cette filière d'internat, mais aussi une diminution de l'âge d'installation, aujourd'hui en moyenne de 38ans.»
L'ISNAR-IMG demande la création d'un groupe de travail ministériel sur ce sujet. L@e syndicat a diffusé ses propositions aux ministères de l'Enseignement supérieur et de la Santé ainsi qu'aux syndicats « seniors » et aux doyens de médecine. «La mise en place d'un DES de quatre ans demandera un peu de temps, confie Lionel Michel, porte- parole de l'ISNAR-IMG, mais cette réforme nous semble indispensable.»
Résidanat/DES : le Conseil d'Etat a tranché
Le Conseil d'Etat exclut toute équivalence entre le diplôme ancien régime remis aux internes avant la mise en place des épreuves classantes nationales (ECN) en 2004 et le diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine générale. «Considérant qu'aucune disposition de la loi du 17janvier 2002 ne prévoit l'institution d'un régime d'équivalence entre les médecins généralistes formés sous l'ancien régime du résidanat et ceux formés sous le nouveau régime institué par les dispositions rappelées ci-dessus; qu'ainsi, le décret attaqué ne pouvait légalement instituer une telle équivalence; que, dès lors, le moyen tiré de ce que le décret méconnaîtrait pour ce motif, le principe d'égalité est inopérant», écrit le Conseil d'Etat dans un avis daté du 25 février. L'ISNAR-IMG avait déposé un mémoire ampliatif auprès du Conseil d'Etat il y a plus d'un an pour rupture d'égalité entre les résidents ayant validé leur formation pratique avant 2004 et les internes de médecine générale titulaires du DES de la spécialité. Le syndicat estimait que le système instaurait «deux poids deux mesures», alors que la validation pratique de la formation en médecine générale pour les résidents et les internes de médecine générale est strictement identique. Déçu de la réponse du Conseil d'Etat, l'ISNAR-IMG va soumettre au Premier ministre ainsi qu'aux ministres de l'Enseignement supérieur et de la Santé une proposition de loi modificative introduisant cette équivalence.
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