LES INTERSYNDICATS NATIONAUX des internes des hôpitaux (ISNIH), des chefs de clinique assistants (ISNCCA) ainsi que le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) ont appelé les internes à se mettre en grève totale des soins, vendredi, pour défendre la liberté d'installation des praticiens.
En grève des gardes, astreintes et continuité de service depuis une semaine, ces organisations ont choisi de frapper fort en organisant cette «journée sans interne» dans les hôpitaux. Les responsables syndicaux soulignent que la grève de vendredi ne devrait avoir aucune incidence sur l'accès aux soins. «Les médecins vont avoir plus de travail sur les interventions non urgentes ou l'accueil des patients, mais les soins urgents seront évidemment assurés», assure Olivier Mir, président de l'ISNIH.
Des actions locales seront organisées pour aller au contact de la population et expliquer les motifs de cette grève. «La population doit bien comprendre qu'on ne fait pas grève par plaisir mais pour défendre notre système solidaire qui pourrait être remis en cause s'il était décidé de lier le conventionnement des médecins avec l'assurance-maladie, qui permet de bénéficier des tarifs remboursables, à la région où ils décident de s'installer», souligne Emmanuel Gallot, président de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), syndicat entré en grève totale des gardes, lundi.
Soutenus par les étudiants en médecine, les syndicats professionnels et l'Ordre des médecins, les internes demandent le retrait des dispositions portant sur la régulation de l'installation dans le Plfss 2008. Ils souhaitent rencontrer Roselyne Bachelot pour débattre de ce sujet. En déplacement au CHU de Lille, la ministre de la Santé a appelé «à la concertation» et s'est déclarée favorable à la liberté d'installation des médecins. «J'ai voulu que cette concertation soit inscrite dans lePlfssmais sans à aucun moment préjuger des solutions qui seront apportées. Face à ces questions, il faut d'abord réaffirmer des principes: il ne s'agit pas d'imposer à quelqu'un d'aller là où il ne veut pas s'installer». La ministre de la Santé appelle les médecins, les caisses d'assurance-maladie et les jeunes médecins à voir «ensemble les mesures susceptibles de garantir une meilleure répartition des médecins sur le territoire».
Un débat parlementaire animé.
Le risque est grand de voir le conflit se politiser dans les prochaines semaines, à l'approche des élections municipales programmées les 9 et 16 mars prochain. «Tous les maires vont demander à avoir leur médecin généraliste et l'on pourrait assister à une surenchère néfaste», indique Emmanuel Gallot. Un responsable syndical reconnaît avoir été approché par un «grand parti de l'opposition» pour amplifier le mouvement. Il lui a opposé un refus catégorique. «Nous ne voulons pas être instrumentalisés», dit-il. Les débats parlementaires ne devraient pas manquer d'être animés. Selon Jean-Pierre Door, député UMP du Loiret et rapporteur du volet assurance-maladie du Plfss, les députés ne sont pas prêts à supprimer le dispositif prévu dans le Plfss 2008 sur la régulation de l'installation. «Les déserts médicaux sont un problème important pour unegrande partie de la population et les élus locaux, explique-t-il . Les députés sont saisis en permanence par les maires et l'Association des présidents des conseils généraux. Les élus locaux – comme les médecins installés qui peinent à trouver un remplaçant–, sont parfois catastrophés.
Donc, le politique doit y réfléchir. Jusqu'à présent, il y a eu des remèdes [aides financières, majoration d'honoraires, NDLR] mais on n'a toujours pas de solution.
«Je crois à l'incitation, mais s'il n'y a pas de réponses, il faut aller plus loin. Dans un système de prise en charge par l'assurance-maladie, on ne peut accepter une liberté totale à l'installation. »
L'UNPS veut faire bloc...
L'Union nationale des professionnels de santé (UNPS), troisième pilier de la gouvernance à côté de l'UNCAM (Union nationale des caisses d'assurance-maladie) et de l'UNOCAM (organismes complémentaires santé), doit présenter aujourd'hui sa position sur le PLFSS 2008, à l'issue de son assemblée plénière. La question des éventuelles menaces qui pèsent sur la liberté d'installation sera au coeur des discussions.
A l'heure où le PLFSS somme les partenaires conventionnels de trouver des solutions pour dissuader les nouvelles installations dans les zones excédentaires, les professions de santé n'ont pas forcément la même approche de ce dossier sensible : les pharmaciens sont déjà concernés de fait par un numerus clausus à l'installation ; les infirmières, mais aussi les syndicats médicaux signataires de la convention, ont commencé à envisager d'éventuelles «mesures de régulation» (avenant n° 20) dans les zones très surdotées, à moyen terme ; d'autres professions, comme les orthophonistes, sont nettement plus réticentes.
Cacophonie ? L'UNPS pourrait, au contraire, s'entendre sur quelques «axes» forts : sauvegarde du principe de la liberté d'installation (à distinguer du conventionnement) ; mise en place systématique des dispositifs incitatifs ; concertation avec chaque profession avant toute décision… «Nous avons intérêt à trouver un consensus pour garder la main», analyse le Dr Dino Cabrera, président de l'UNPS.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature