CRIS DE JOIE OU CRISES de larmes. Une extrême tension va régner ce matin et jusqu'au 25 septembre dans le complexe de Lognes (Seine-et-Marne) où 5 119 étudiants vont choisir leur poste d'internat. Chaque jour, ils opteront successivement, par tranche de 700 étudiants, pour une des 11 filières et des 28 villes de faculté (1). «Contrairement à ce que nous attendions, un grand nombre d'étudiants (580) n'a pas validé son deuxième cycle et ne participera pas au choix des postes», confie Marcellin Goumont, vice-président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) en charge de la démographie médicale. Le ministère de la Santé avait tablé sur un nombre de redoublants inférieur à celui des années passées du fait de l'intégration de la lecture critique d'article (LCA) aux ECN l'année prochaine. Il semble donc que les étudiants mal classés aient préféré affronter cette nouvelle épreuve plutôt que de choisir un poste d'internat qu'ils ne voulaient pas.
La procédure de choix devrait confirmer l'attrait des étudiants pour les spécialités médicales et chirurgicales ainsi que pour la pédiatrie. C'est ce que montre le logiciel de préchoix informatisé des postes « Céline » que les candidats ont rempli après avoir obtenu leurs résultats en juillet. Comme attendu, une discipline ne parviendra pas à pourvoir l'intégralité des postes ouverts. Toujours selon le logiciel Céline, plus de 600 postes de médecine générale resteraient vacants. Certaines villes pâtiraient davantage que d'autres de la situation. Le nombre de places susceptibles de rester libres pourrait être relativement important à Nancy (80), Dijon (80), Tours (75), Caen (65), Reims (65), Limoges (50) ou Amiens (40). «Sans surprise, les postes des villes du Sud seront davantage pourvus que dans le Nord, commente Bérengère Crochemore, présidente de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). Si les projections sont exactes, environ 2600postes de médecine générale devraient être pourvus à la fin de l'amphithéâtre de garnison, soit plus de 50% des postes offerts aux candidats. Ce n'est ni catastrophique ni inquiétant. Nous regarderons attentivement le classement des internes de médecine générale pour voir si la spécialité a été choisie par des étudiants bien classés.»
Vers une filiarisation complète des postes.
Le choix de spécialité se déroule peut-être pour la dernière fois dans sa configuration actuelle. Le gouvernement souhaite en effet modifier cette procédure. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2009) prévoit que la répartition des postes d'internat puisse s'effectuer par filière de spécialité sur une période de cinq ans. Les ministères de l'Enseignement supérieur et de la Santé pourraient déterminer par arrêté le nombre d'internes à former annuellement par spécialité et par subdivision territoriale, «compte tenu de la situation de la démographie médicale dans les différentes spécialités concernées et de son évolution au regard des besoins de prise en charge spécialisée». Des quotas annuels à chaque spécialité seraient ainsi fixés pour les postes offerts aux épreuves classantes nationales (ECN) pour chaque discipline des spécialités médicales (anatomie, cardiologie, dermatologie, endocrinologie, rhumatologie…) ou des spécialités chirurgicales (chirurgie générale, neurochirurgie, ophtalmologie, ORL, chirurgie cervico-faciale et stomatologie). Tout le monde ne se satisfait pas de ce projet. «Nous souhaitons faire modifier cette disposition, commente Olivier Véran, porte-parole de l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH). Les internes ne doivent pas se voir imposer un poste. Il faut qu'il y ait une inadéquation des postes, que le système soit adaptable et que l'on prenne en compte les capacités de formation de chaque CHU.»
(1) Les 5 704 postes offerts aux étudiants sont répartis entre les spécialités médicales (885), les spécialités chirurgicales (550), la médecine générale (3 200), l'anesthésie-réanimation (260), la biologie médicale (40), la gynécologie médicale (20), la gynécologie-obstétrique (155), la médecine du travail (54), la pédiatrie (200), la psychiatrie (280), la santé publique (60).
Formation en clinique : il y aura « des garde-fous »
«Hors de question que les cliniques se servent des internes comme de la main-d'oeuvre bon marché. L'accueil et la formation dispensée devront être de qualité», considère-t-on au ministère de la Santé. Dans sa forme actuelle, le projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires autorise l'hospitalisation privée à recevoir en stage les étudiants en médecine. Mais pas n'importe comment.
Des garde-fous sont prévus. Les cliniques souhaitant former des internes devront suivre un cahier des charges très strict, qui sera défini courant 2009 par voie réglementaire. Les CHU – faut-il y voir le résultat d'un intense lobbying du secteur public ? – ne devraient pas subir de trop grosses pertes d'effectifs. «Les stages en clinique seront ponctuels, il n'y aura pas d'hémorragie des internes vers le secteur privé, assure cette même source au ministère de la Santé. Cela concernera surtout la chirurgie», réalisée à 60 % en clinique privée.
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