Les interactions aliments-médicaments peuvent être de nature pharmacocinétique ou pharmacodynamique. Dans le premier cas, les aliments modifient les concentrations sanguines des médicaments ; ces variations de concentration pouvant atteindre 30 %, voire plus. L'interaction pharmacodynamique se produit au niveau de la cible thérapeutique, par exemple un récepteur.
Interactions pharmacocinétiques
Certains aliments peuvent modifier l'absorption intestinale ou le métabolisme des médicaments. Ainsi, l'absorption des antifongiques triazolés de première et de deuxième génération est largement augmentée par le bol alimentaire ; cela d'autant plus que le repas est riche en lipides. De même, le saquinavir, utilisé dans le traitement du sida, doit être pris au cours du repas afin d'augmenter sa résorption intestinale et donc son efficacité. Mais parfois l'augmentation de la résorption gastro-intestinale peut être responsable d'un risque de toxicité accru. Ainsi, l'halofantrine, antipaludéen, voit sa biodisponibilité augmentée de 190 % par la prise d'un repas, ce qui contribue au risque de cardiotoxicité. Elle doit donc être prise en dehors des repas. Par ailleurs, les régimes riches en fibres diminuent la biodisponibilité de la digoxine et de la lovastatine. La résorption peut donc être bénéfique ou délétère.
L'interaction aliment-médicament la plus souvent décrite est celle du jus de pamplemousse. Ce jus de fruit contient des substances qui inhibent un cytochrome P450, le CYP3A4, enzyme majeure du métabolisme de nombreux médicaments, et la P-glycoprotéine intestinale. Cette inhibition conduit à une augmentation des concentrations plasmatiques de médicaments, tels que la ciclosporine, certaines statines (simvastatine, atorvastatine) et certains inhibiteurs calciques (félodipine).L'ail diminuerait les concentrations plasmatiques de saquinavir par un mécanisme mal connu.
Interactions pharmacodynamiques
Les interactions pharmacodynamiques sont moins fréquentes que les précédentes. Néanmoins, certaines doivent être évitées. Ainsi, l'apport de vitamine K contenue dans de nombreux aliments (épinards, brocolis…) doit être contrôlé chez les patients traités par antivitamine K. Des interactions sont également fréquemment décrites avec les aliments riches en tyramine (fromages, foies de volaille, sauce soja…) ; substance qui peut entraîner la libération de noradrénaline et une élévation de la pression artérielle par stimulation de la vasoconstriction.
Conférence de l'Institut français pour la nutrition, « Quelles interactions entre aliments et médicaments », par Bruno Lacarelle (laboratoire de pharmacocinétique et de toxicologie, CHU Timone, Marseille).
L'impact nutritionnel des médicaments
Si l'alimentation peut avoir un rôle dans l'efficacité et la toxicité d'un traitement, certains médicaments peuvent entraîner des carences alimentaires, notamment en vitamines. Ainsi, les antibiotiques en modifiant la flore intestinale peuvent diminuer la production de vitamines B (B1, B2, B6, B12) ou diminuer le passage entéro-hépatique de l'acide folique. Les diurétiques ou les inhibiteurs de l'enzyme de conversion peuvent augmenter l'élimination rénale du zinc. Pour ne citer que quelques-uns des nombreux exemples...
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