IL EXISTE, au niveau des reins des patients souffrant de maladie polykystique des reins, une suractivation à la fois de la prolifération cellulaire et de l'apoptose. Or les inhibiteurs de caspase, comme l'ont montré des travaux américains cette année, sont capables de bloquer à la fois ces deux mécanismes pathologiques. L'administration d'inhibiteurs de caspase pourrait constituer une solution thérapeutique inédite pour les patients souffrant de polykystose rénale, la plus fréquente des maladies rénales héréditaires.
D'après l'étude des chercheurs californiens (San Diego), conduite dans un modèle murin de la polykystose rénale, ces molécules sont capables de freiner la progression de la maladie en s'opposant à l'accroissement de la taille des reins et en atténuant la dégradation de la fonction rénale.
Diminution de la taille des kystes.
Y. Tao et coll., qui avaient précédemment mis en évidence une augmentation de la caspase-3 pro-apoptotique chez des rats HAN :SPRD (modèle murin de la polykystose rénale), ont évalué, chez ces mêmes animaux, l'effet d'un inhibiteur de caspase (IDN-8050) sur la prolifération et l'apoptose des cellules tubulaires rénales, la formation des kystes et l'insuffisance rénale.
Après cinq semaines de traitement, il est apparu que l'inhibiteur de caspase, donné à la dose de 10 mg/kg/j, permettait de réduire de 44 % l'augmentation de la taille des reins des rats affectés. Le volume des kystes, quant à lui, était réduit de 29 %. Enfin, l'IDN-8050 diminuait, de manière significative, le taux d'azote uréique dans le sang des rats traités.
Des analyses complémentaires ont confirmé que l'inhibiteur de caspase agit bien sur les caspases exprimées dans les reins des rats. Il a par ailleurs été mis en évidence que le traitement entraîne une diminution significative de l'apoptose et de la prolifération cellulaire au niveau des tubules rénaux, kystiques et non-kystiques.
Chez les rats sains, on n'observait, en revanche, aucune modification du taux de prolifération cellulaire ou du taux d'apoptose. Le traitement semble donc n'avoir aucun effet délétère. Les chercheurs ont, en particulier, vérifié qu'en inhibant l'apoptose, le traitement n'induisait pas le développement de tumeurs au niveau des reins ou d'autres organes des animaux.
Ces résultats sont donc très encourageants. Naturellement, l'efficacité des inhibiteurs de caspase devra être confirmée dans d'autres modèles animaux avant que l'on puisse envisager leur essai chez l'homme.
Y. Tao et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », 102 : 6 954-6 959 (10 mai 2005).
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