Neuf infirmiers sur dix se déclarent hostiles à ce que les pharmaciens d’officine soient autorisés à vacciner, selon les résultats d’une enquête* de leur Ordre national rendue publique ce jeudi. Les infirmiers rejettent donc en bloc cette disposition du projet de loi de santé à laquelle sont également très opposés les médecins. 80 % justifient leur choix par l’absence de formation des pharmaciens à la vaccination.
« Les infirmiers ont une opinion partagée sur ce projet de loi », analyse Didier Borniche, président de l’Ordre : 45 % portent un jugement négatif, 22 % ont un avis favorable tandis que 33 % des répondants y sont indifférents. « Une part si importante d’indécision signifie qu’il y a eu un manque de concertation autour du projet de loi », affirme le patron de l’Ordre des infirmiers.
De nombreuses mesures sont méconnues des infirmiers (la moitié ignore ce que recouvrent les testings contre les refus de soins, 34 % n’ont pas entendu parler du service territorial de santé au public et 20 % ne savent pas ce que sont les infirmiers de pratique avancée).
Adhésion modérée au tiers payant
Plusieurs mesures de la réforme de Marisol Touraine sont toutefois saluées.
Les infirmiers sont favorables aux étiquettes nutritionnelles sur les produits alimentaires (82 %), aux pratiques avancées, au droit qui leur serait donné de prescrire des substituts nicotiniques (58 %), ou à la relance du DMP (75 %).
Le tiers payant généralisé rencontre une adhésion modérée de la profession (47 % d’avis positifs, 43 % des répondants sont contre et 9 % sont sans opinion). Ce résultat peut sembler surprenant, la dispense d’avance de frais étant déjà largement pratiquée par les infirmiers libéraux.
Surtout, sept infirmiers sur dix souhaitent que la future loi de santé permette l’élargissement de leur droit de vaccination sans prescription préalable du médecin. Ils demandent prioritairement (à 95 %) à pouvoir vacciner contre la grippe les patients de moins de 65 ans.
Ils réclament également à une écrasante majorité un élargissement de leur droit de prescription aux produits antiseptiques (92 %), aux lits médicalisés (75 %) ou à certains traitements antalgiques (64 %). Enfin, les infirmiers veulent que leur rôle de premier recours soit reconnu et que le suivi des patients chroniques bénéficie d’une consultation infirmière spécifique.
Cette enquête va permettre à l’Ordre des infirmiers de proposer des mesures concrètes au gouvernement et aux parlementaires (qui examineront le projet de loi de santé à partir de fin mars).
* Enquête menée en ligne par l’Ordre des infirmiers auprès de 125 000 infirmiers inscrits entre le 31 janvier et le 9 février 2015 et qui a recueilli 12 125 réponses.
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