DEUX ANS après le meurtre d’une infirmière et d’une aide-soignante à l’hôpital psychiatrique de Pau, un nouveau drame s’est produit, peu avant Noël. Il touche cette fois les infirmières libérales : Elisabeth Stibling, 46 ans, a été retrouvée mourante dans le coffre de sa voiture sur un parking public d’Aubenas, en Ardèche, dans la nuit du 23 décembre. Les policiers ont découvert son corps après avoir été alertés par son mari, qui s’inquiétait de ne pas voir rentrer sa femme après une visite au domicile d’un patient.
Grâce à l’agenda retrouvé dans sa voiture, les policiers ont pu reconstituer l’emploi du temps de l’infirmière. Elle s’était rendue en fin d’après-midi au domicile d’un nouveau patient, à qui elle devait prodiguer une injection et qui lui avait exprimé son «envie de parler». Le suspect, un homme de 39 ans et de grande corpulence (1,88 m et 110 kg), aurait immédiatement reconnu être l’auteur du crime.
Selon « le Dauphiné libéré », l’auteur des faits avait un passé judiciaire pour vols et sortait d’une cure de désintoxication. Même si le déroulement des faits n’est pas encore formellement établi, il semblerait que l’homme ait séquestré l’infirmière avant de l’étrangler et de la conduire sur le parking d’Aubenas.
Indifférence.
Le suspect aurait ensuite regagné son domicile et contacté la gendarmerie pour se dénoncer. Il a été immédiatement interpellé et incarcéré. Le juge d’instruction a ouvert une information judiciaire et a mis en examen le suspect pour «enlè- vement et séquestration suivis de mort».
Le meurtre d’Elisabeth Stibling a déclenché une immense vague d’émotion auprès des infirmières qui ont dénoncé le «mutisme de la nation» et l’absence de réaction de la presse nationale. «Les infirmières libérales seraient-elles à ce point transparentes?», s’indigne le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).
Andrée Palme, présidente de la section ardéchoise du Sniil, travaillait dans le même secteur que la victime. Elle est indignée. «Ce drame est d’autant plus insupportable qu’il n’a eu que très peu d’échos dans la presse nationale, déplore-t-elle. Il n’aurait pas été relayé de la même façon s’il s’était agi du meurtre d’un médecin. Cette indifférence me choque mais ne me surprend pas. Un seul médecin du secteur s’est manifesté auprès de la famille.»
L’Union nationale des professions de santé (Unps) a pour sa part exprimé sa consternation après le drame du 23 décembre.
Lettre au ministre.
Au sein de l’intersyndicale qui regroupe également la Fédération nationale des infirmiers (FNI) et l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil), les infirmiers du Sniil ont écrit au ministre de la Santé pour lui demander de reconnaître la mission de permanence des soins assurée par les infirmiers. «Elle doit rester adaptée aux besoins de nos patients malgré un climat de violence latente qui semble s’incruster dans notre quotidien. Les infirmières libérales attendent impatiemment un positionnement politique fort et des mesures concrètes pour qu’elles puissent répondre à la permanence des soins en toute sérénité.»
Une réunion doit être organisée aujourd’hui à la préfecture de l’Ardèche avec tous les services de la sécurité, le conseil départemental de l’Ordre des médecins et les infirmiers. Andrée Palme en attend des mesures immédiates : «Une disposition simple pourrait rapidement être mise en place pour les appels suspects de patients inconnus. Il suffirait de signaler notre présence chez ce patient auprès du commissariat de police qui pourrait intervenir plus vite en cas d’absence prolongée. Cela ne concernerait qu’un nombre infime d’appels.»
Les infirmières libérales souhaitent que le drame d’Aubenas entraîne une réflexion sérieuse sur leurs conditions de travail qui ne cessent de se détériorer.
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