CONTRACTER des maladies infectieuses au cours des six premiers mois de la vie augmenterait le risque de dermatose atopique chez les enfants de moins de dix-huit mois. Cette observation, réalisée à partir de l'étude d'une cohorte de plus de 24 000 enfants danois, paraît contredire les résultats des travaux sur lesquels se fonde l'hypothèse hygiéniste.
Selon cette hypothèse, formulée par Strachan à la fin des années quatre-vingt, l'exposition précoce aux micro-organismes ( via les frères et sœurs aînés, d'autres enfants fréquentés à la crèche ou des animaux de compagnie ou de ferme) protégerait des maladies allergiques. Cette théorie laissait à penser que les maladies infectieuses développées au cours des premiers mois de la vie diminuaient les risques d'allergie et notamment ceux de dermatose atopique. Pourtant, l'étude publiée aujourd'hui par Stabell Benn et coll. (Statens Serum Institut, Danemark) suggère exactement l'inverse.
Maladies infectieuses avant l'âge de six mois.
Cette étude danoise s'appuie sur le suivi de 24 341 enfants nés au Danemark entre 1997 et 2002. Leurs mères ont fourni aux auteurs les informations relatives à l'environnement dans lequel ils étaient élevés (nombre de frères et sœurs, mode de garde, présence d'animaux de compagnie ou d'élevage au domicile). Elles ont également permis aux auteurs de faire le bilan des maladies infectieuses contractées par les enfants avant l'âge de six mois et celui des épisodes de dermatite atopique survenus avant l'âge de dix-huit mois.
L'analyse de cet ensemble de données a montré que 54 % des enfants avaient eu au moins une maladie infectieuse avant l'âge de six mois. Les maladies étaient principalement des rhumes ou des diarrhées. A dix-huit mois, la prévalence de la dermatose atopique dans le groupe d'enfants étudié était, quant à elle, de 10,8 % (soit 2 638 bébés touchés).
Les enfants qui ont développé une dermatite atopique faisaient partie de ceux qui avaient eu au moins une maladie infectieuse. En outre, dans cette cohorte, il est apparu que plus le nombre d'infections contractées avant l'âge de six mois était important et plus le risque de dermatite atopique augmentait. En revanche, ce risque diminuait lorsque les enfants avaient au moins trois frères ou sœurs aînés, étaient gardés en crèche ou vivaient avec des animaux.
Pour expliquer le paradoxe opposant l'hypothèse hygiéniste à leurs propres résultats, Stabell Benn et coll. suggèrent que les pathogènes transmis aux nourrissons par leur fratrie ou les animaux vivants dans leur environnement stimulent le système immunitaire, sans conduire à l'apparition de maladie symptomatiques. Ces germes particuliers protègent les bébés sans les rendre malades. D'autres micro-organismes qui provoquent des maladies infectieuses symptomatiques chez les jeunes enfants seraient associés à l'augmentation du risque de dermatite atopique. Les deux phénomènes, protection et sensibilisation, serait donc indépendants, n'impliquant ni les mêmes germes, ni les mêmes mécanismes immunitaires.
C. Stabell Benn et coll., « British Medical Journal », édition en ligne avancée.
L'asthme des fermiers
L'exposition aux endotoxines, aux spores de champignons, à l'ammoniaque et aux autres allergènes respiratoires typiques des exploitations agricoles pourrait induire un asthme non atopique. En revanche, ces substances protégeraient de l'asthme atopique.
Telles sont les conclusions d'une étude norvégienne portant sur les pathologies allergiques des fermiers du sud-est norvégien.
Eduard et coll. ont comparé les pathologies rencontrées chez les fermiers en fonction du type d'allergènes présents dans leurs exploitations. Ils ont ainsi pu observer que l'asthme atopique était moins fréquent dans les fermes où l'on trouve le plus d'allergènes associés à la présence des animaux d'élevage par rapport aux fermes dont l'activité se limite à la culture. Les fermiers travaillant dans ces exploitations sont cependant plus souvent sujets à l'asthme non atopique.
« Thorax », vol. 59, pp. 381-386
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