Les infections invasives à méningocoques (méningite, septicémie, arthrite, péricardite ...) regroupées sous le sigle IIM affectent surtout les moins de 20 ans. En dépit de l'amélioration des moyens thérapeutiques, la létalité et le taux de séquelles graves demeurent élevés. Leur surveillance continue permet la détection précoce des risques épidémiques.
Jusqu'au 15 juillet 2002, l'isolement de Neisseria meningitidis, dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) ou dans le sang ou encore la présence d'anticorps solubles détectés dans le LCR, le sang ou les urines, entraînaient une notification du cas. Depuis cette date, les critères ont été élargis à d'autres formes. En particulier, la présence d'un purpura fulminans justifie à elle seule une déclaration. Les données publiées dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de cette semaine correspondent aux résultats de l'année 2002 et incluent le IIM « ancienne » et « nouvelle » définitions.
Les résultats confirment l'augmentation progressive de l'incidence des IMM observée depuis 1996. Quant à la létalité, si elle s'élève depuis 3 ans, « elle n'a jamais été aussi élevée depuis 1985 », font observer les auteurs de l'étude.
899 cas estimés
Ainsi, 678 cas ont été notifiés en 2002 (674 en France métropolitaine et 4 dans les départements d'outre-mer). Plus de 90 % d'entre eux (626) correspondent à l'ancienne définition des cas et 7 % à la nouvelle définition (52). Après correction de la sous-notification, le nombre d'IMM en France métropolitaine peut être estimé à 899, soit une incidence plus élevée de 20 % par rapport à l'année dernière. Si l'on exclut les IMM nouveaux critères, l'augmentation persiste, même si elle n'est plus que de 10 % et concerne, comme en 2001, les IMM dues au sérogroupe C (plus de 40 %). « Le nombre d'IIM B est stable depuis 1999 (n = 290, soit 48 % en 2002) alors que celui des IIM C a été multiplié par 2,7 », notent les auteurs. Les autres sérogroupes sont stables depuis 2000 (41 cas W135) ou rares (15 Y, 3 A, 1 X). Les enfants de moins de 1 an et les adultes de 20-49 ans sont les plus touchés par les IIM C, contrairement à l'année précédente où avaient été affectés les 1-19 ans.
Vaccination localisée et ciblée
Malgré cette augmentation régulière, « le taux d'incidence national des IMM de sérogroupe C reste très en dessous des taux ayant motivé la mise en place d'une vaccination anti-ménigococcique C de routine dans plusieurs pays européens », notent les auteurs ; ils indiquent que cette dernière observation a été prise en compte par le ministère de la Santé pour ne pas instaurer la vaccination anti-méningococcique chez tous les nourrissons ou enfants. Une situation d'hyperendémicité dans le Sud-Ouest a toutefois conduit à la mise en uvre d'une campagne de vaccination localisée et ciblée, essentiellement chez les jeunes de 2 mois à 20 ans. Car, dans les 3 départements contigus des Landes, des Hautes-Pyrénées et des Pyérénées-Orientales, le taux d'incidence enregistré pour les 40 premières semaines de 2002 était plus de 8 fois supérieur à la moyenne nationale (2,2 pour 100 000 habitants contre 0,26).
Toujours en ce qui concerne l'incidence, les auteurs signalent une inversion des tendances pour l'année 2003. Selon des données non encore publiées, « au 1er juillet 2003, l'augmentation des IIM ne semble pas se poursuivre ». Avec 380 cas notifiés, la baisse par rapport à la même période de 2002 est de 6 %. Les IMM C, avec une incidence diminuée de 36 %, ne représentent que 30 % des IIM déclarées en 2003.
Il n'en est pas de même pour la létalité, qui augmente depuis 2000. En 2002, elle s'est accrue surtout chez les enfants de moins de 5 ans et essentiellement pour les IIM de sérogroupe B, dans une moindre mesure de sérogroupe C. Elle diminue progressivement avec l'âge pour augmenter ensuite après 50 ans. La présence d'un purpura fulminans est un facteur aggravant : la létalité est de 35 % contre 6 % en son absence. « Aucune raison évidente n'explique cette augmentation, font observer les auteurs, mais elle pourrait, au moins en partie, être liée à une modification de l'enregistrement de l'évolution clinique des patients ».
*N° 43/2003.
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