Bunsow et al (1) ont conduit une étude prospective randomisée à partir des résultats d’hémocultures s’avérant positives au laboratoire. Pour le premier groupe, le biologiste appelait le service clinique, discutait avec le clinicien abordant ainsi la thérapeutique antibiotique. Dans le second, aucun contact n’était pris. 150 patients ont été inclus dans chaque bras, l’appel téléphonique pour le premier groupe a permis un contact avec 274 professionnels (91,3 %), dont 254 ont répondu au questionnaire. Le sepsis selon les critères internationaux a été reconnu par 30,3 % des infirmiers et 50 % des médecins. Un total de 56 pathogènes a pu être isolé, 56 % de gram positif et 44 % de gram négatifs. Sur les 125 entretiens réalisés, des conseils furent donnés dans 45 cas (36 %), des modifications d’antibiothérapie conseillées dans 48 cas (57,6 %).
La durée moyenne de traitement était de 6 jours dans le groupe avec appel versus 9 dans le groupe contrôle. Les coûts étaient de 39,80 versus 78,50 dollars/patient/jour respectivement. Les auteurs concluent que l’appel vers le service clinique est un réel avantage pour la prise en charge du patient avec une prise en charge plus rapide et une réduction des coûts.
Une seconde étude rétrospective de cohorte a été réalisée entre 2009 et 2013 par une équipe Nord-Américaine (2). Le but était d’évaluer l’impact d’un programme de bon usage des antibiotiques sur la désescalade antibiotique dans les bactériémies à Staphylocoque doré sensible à la méthicilline. Un total de 118 patients a été inclus, 52 avant implémentation (groupe pré-ASP) et 66 ayant bénéficié du programme (groupe post-ASP). Les données démographiques des deux groupes étaient parfaitement comparables tout comme les choix d’antibiothérapie empirique.
Les résultats obtenus ne sont pas statistiquement significatifs, néanmoins le temps entre la découverte du résultat de l’antibiogramme et la désescalade passe de 4 à 1 heure entre les deux périodes et l’arrêt des molécules large spectre décroît de la même manière, de 8,5 à 4,0 heures. L’autre résultat de ce travail est que, dans la seconde période, une large majorité des patients ont bénéficié d’une consultation par un infectiologue (56 versus 15 % ; p ‹ 0,0001) et que celle-ci était significativement associée avec une désescalade plus rapide.
Globalement ces deux études suggèrent qu’une optimisation de la prise en charge passe par une collaboration étroite entre le laboratoire et l’infectiologue ; la réponse ne peut être scindée et on constate aisément que le signal doit partir du laboratoire. Une fois le cas individualisé, la discussion avec l’infectiologue pourra permettre d’ajuster le traitement, de voir la pathologie dans son ensemble et de réajuster au mieux le traitement antibiotique en termes de choix de molécule – et donc de spectre – afin d’optimiser la pression de sélection antibiotique, l’efficacité et le coût direct de l’épisode.
(1) Bunsow et al. K-333
(2) Lindner et al. K-339
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