APRÈS LE CONCERT de protestations des associations d’usagers, des syndicats de médecins et des partis politiques, c’est au tour des industriels d’exprimer des doutes quant au changement de stratégie adopté par le Groupement d’intérêt public (GIP) chargé de mettre en place le dossier médical personnel (DMP). Dans une note de trente pages adressée aux «gestionnaires politiques», les entreprises des systèmes d’information sanitaires et sociaux (Lessis) et le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (Snitem) indiquent que «ce changement de stratégie, abrupt et annoncé sans concertation, met gravement en danger les efforts déployés depuis près de 18mois».
Le GIP, dont Jacques Sauret a repris la direction, a annoncé l’ouverture au printemps 2007 d’un service universel du DMP avec un hébergeur de référence choisi après appel d’offres auquel d’autres hébergeurs pourront proposer des services à valeur ajoutée. Ce service sera accessible – et non plus obligatoire – à chaque patient de plus de 16 ans qui en fera la demande. Les premiers dossiers médicaux devraient être alimentés par des informations issues du Web Médecin de l’assurance-maladie (« le Quotidien » du 9 mai). «Les objectifs poursuivis par cette nouvelle stratégie relèvent plus d’une volonté d’affichage à très court terme que de la recherche des bases d’un partage d’information généralisé de santé au service de nos citoyens», indiquent les industriels.
L’épouvantail du carnet de santé.
Ces derniers formulent des recommandations pour éviter un nouveau fiasco qui rappellerait celui du carnet de santé. «Sauf à faire du DMP une coquille vide, son calendrier est irréaliste et les coûts annoncés largement sous-évalués.» Les industriels réclament «un équilibre entre un bouquet de services publics et l’appel aux opérateurs privés qui permettra d’atteindre les objectifs déclinés dans la loi». Ils estiment que «l’Etat n’est pas le mieux placé pour assurer les conditions d’une gestion moderne de très grands projets de nature industrielle comme le DMP». Lessis et le Snitem jugent indispensable que soit prolongée jusqu’à octobre 2006 la phase d’expérimentation pilote et d’assurer une étape de prégénéralisation pendant douze mois sur 4 ou 6 zones géographiques. Ils veulent que l’Etat engage une politique plus volontariste d’interopérabilité des moyens de communication informatiques. «Les standards internationaux HL7/CDA Release2, IHE/XDS doivent s’imposer à la plate-forme centrale de service universel», soulignent-ils. Lessis et le Snitem demandent enfin la clarification des coûts de mise en oeuvre et d’exploitation du DMP. Ils considèrent que les opérateurs privés sont «à même de fournir, en complément du service universel, un service compétitif et innovant». Cette note est rendue publique par les industriels alors que Xavier Bertrand devrait annoncer aujourd’hui, à l’occasion de la deuxième édition des Rencontres parlementaires sur le DMP à l’Assemblée nationale, les premiers agréments d’hébergeurs par le comité mis en place en février dernier.
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