Crèmes solaires

Les indices haute protection n'incitent pas à s'exposer plus longtemps

Publié le 04/01/2006
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LES ECRANS solaires sont accusés d'inciter les personnes à augmenter leur temps d'exposition aux ultraviolets et ainsi de favoriser la survenue de pathologies liées au soleil, comme le mélanome, les cancers baso- et spinocellulaires. C'est, entre autres, l'absence de coup de soleil ou, du moins, son retard d'apparition conféré par l'application de ces topiques qui pousserait les personnes à s'exposer, puisqu'elles sont privées de ce signe d'alarme.
On est donc rassurés par les résultats du travail conduit par des dermatologues français qui montrent qu'un étiquetage indiquant une plus haute protection aux ultraviolets ne conduit pas les utilisateurs à s'exposer plus longtemps au soleil.

Une étude randomisée et contrôlée
Pour tester l'effet des crèmes écran solaire sur le comportement vis-à-vis du soleil, Alain Dupuy (hôpital Saint-Louis, Paris), Ariane Dunant (institut Gustave-Roussy, Villejuif) et Jean-Jacques Grob (hôpital Sainte-Marguerite, Marseille) ont mené une étude randomisée durant une semaine pendant l'été 2001.
Ils ont recruté 367 vacanciers (80 % de femmes, âge moyen de 39 ans) sur les côtes françaises. Sans leur préciser l'objectif de l'étude, on leur a offert, après tirage au sort, l'une des crèmes suivantes : SPF (Sun Protection Factor) 40, étiquetée comme « haute protection » (bras 1) ; SPF 40, étiquetée « protection basique » (bras 2) ; et SPF 12, étiquetée « protection basique » (bras 3). En dehors de la notion protection « haute » ou « basique », les sujets ne connaissaient pas le coefficient de protection solaire réel des tubes utilisés.

La durée des bains de soleil.
Le critère de comparaison principal de chaque groupe était la durée des bains de soleil sur une semaine, les critères secondaires étaient la survenue de coups de soleil et la quantité de crème utilisée. Les résultats montrent que l'étiquetage ne modifie pas le temps passé au soleil. Le temps hebdomadaire d'exposition pendant la semaine de l'étude était de 14,2 heures dans le groupe haute protection/SPF 40 ; de 12,9 heures dans le groupe protection basique/SPF 40 ; et de 14,6 heures dans le groupe protection basique/SPF 12.
En revanche, la proportion de personnes qui ont eu un coup de soleil était plus importante dans le groupe le moins protégé (protection basique/SPF12). Cette donnée confirme l'effet protecteur des crèmes d'indices élevés dans la survenue des coups de soleil.
Les messages de prévention des risques solaire semblent donc mieux intégrés ; mais du chemin reste à faire dans l'éducation, car la population testée « considère les crèmes écran solaire davantage comme une aide au bronzage que comme un moyen de limiter l'exposition aux ultraviolets ». Le mélanome a donc encore de beaux jours devant lui !

Dupuy A et coll. « Archives of Dermatology », 2005 ; 141 (8) : 950-956.

> Dr MARIE-LAURE DIEGO-BOISSONNET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7870