EN MAI 2005, les données du signalement des infections nosocomiales centralisées par l’Institut de veille sanitaire (InVS) avaient alerté les autorités sanitaires qui avaient réuni le Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins, afin d’évaluer le risque de diffusion des entérocoques résistant aux glycopeptides dans les établissements de santé. En effet, alors que, depuis leur apparition en France, dans les années 1987-1988, la proportion de souches d’ Enterococcus faecium résistants à haut niveau à la vancomycine et à la téicoplanine est restée stable (entre 1 et 2 %), ce pourcentage s’est accru à partir de l’année de 2003 pour atteindre 5 % en 2005. Parallèlement, un nombre plus important de signalements d’ERG (entérocoques résistants aux glycopeptides) était rapporté depuis 2004 et, en 2004-2005, trois épisodes d’épidémies hospitalières d’ampleur inhabituelle sont signalés, à Nancy, à Clermont-Ferrand et à Bicêtre (« Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 28 mars 2006 et « le Quotidien » du 3 avril 2006). Les recommandations du comité technique, élaborées en octobre 2005, ont surtout mis l’accent sur la vigilance, l’alerte et le signalement précoces des cas, en plus des autres mesures de contrôle, comme le renforcement de l’hygiène des mains, le binettoyage quotidien de l’environnement proche du patient infecté/colonisé, la recherche systématique du portage dans les selles chez les patients contact d’un cas identifié, l’isolement en chambre individuelle des patients infectés ou colonisés. Les stratégies de contrôle «sont d’autant plus efficaces qu’elles sont appliquées de manière stricte et précoce, avant la constitution d’un réservoir de patients porteurs dans de nombreux services»,soulignait alors le comité.
Eviter la résistance du staphylocoque.
Les données rapportées par « le Parisien-Aujourd’hui en France » de 313 cas de patients porteurs (colonisés) depuis 2004 dans les hôpitaux de l’AP-HP, dont 53 cas de patients infectés, «sont des données de suivi et de surveillance de l’AP-HP», explique au « Quotidien » le Dr Bruno Coignard, médecin épidémiologiste responsable de l’Unité infections nosocomiales et résistance aux antibiotiques à l’InVS. Les trois décès recensés à l’AP-HP étaient déjà signalés dans l’article du « BEH » de mars parmi les six décès auxquels ont contribué ces épidémies hospitalières en 2005. Confirmant les propos du directeur général de la Santé, Didier Houssin, le Dr Coignard indique que «les entérocoques sont surtout responsables d’infections urinaires et digestives. L’enjeu est moins en termes de gravité pour les patients qu’en termes de résistance aux antibiotiques. Nous devons éviter le passage du mécanisme de résistance aux glycopeptides de l’entérocoque vers le staphylocoque». Le transfert de plasmides de résistance à la vancomycine chez S.Aureus a déjà été observé chez quatre patients aux Etats-Unis en raison de la forte prévalence des staphylocoques dorés résistant à la méticilline et des entérocoques résistant à la vancomycine. «Le fait de limiter très précocement la résistance d’entérocoques nous permettra d’éviter un jour le transfert de résistance au staphylocoque en France où la prévalence du Staphylococcus aureus résistant à la méticilline est élevé», poursuit le spécialiste de l’InVS.
Cas groupés d’ampleur limitée.
Selon lui, par rapport aux données de l’année dernière, les derniers indicateurs «sont plutôt rassurants». «La proportion de résistance à la vancomycine chez les entérocoques qui avait eu tendance à augmenter est retombée à 2% en 2005», ajoute-t-il. De même, depuis novembre 2005, l’InVS a reçu 42 signalements d’infections nosocomiales à entérocoques dont 34 étaient des cas isolés. «Quelques cas groupés nous ont été signalés mais ils étaient beaucoup plus limités que lors des trois gros épisodes épidémiques de 2004-2005», a-t-il conclu.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature