Les implants mammaires sont une nouvelle fois sur la sellette et cette fois il ne s’agit pas que des prothèses PIP mises en cause depuis 2010. Selon un rapport de l'Institut national du cancer (INCa) dévoilé hier par Le Parisien, les prothèses mammaires pourraient en effet être en cause dans la survenue de très rares cas de « lymphome anaplasiques à grandes cellules, lié aux implants mammaires » ou LAGC-AIM.
Jamais décrits auparavant, ces lymphomes qui touchent les cellules immunitaires et se développent au contact de la prothèse (et non dans les ganglions comme classiquement) ont été repérés dans le cadre du suivi renforcé des femmes porteuses d’implants mammaires mis en place par les autorités sanitaires après le coup de semonce des prothèses PIP. Au total, pour 400 000 femmes porteuses de prothèses mammaires en France, 18 cas de LAGC-AIM -dont un mortel- ont été recensés depuis 2011 dont 9 pour la seule année 2014.
« J’ai été alertée par le dernier bilan des autorités sanitaires qui identifiait 9 nouveaux cas en 1 an, de lymphome anaplasique à grandes cellules. J’ai alors immédiatement demandé à l'INCa de réunir les experts pour actualiser les recommandations en vigueur » a expliqué Marisol Touraine lors d’une conférence de presse organisée ce mardi matin. Le 4 mars 2015, ce groupe d’experts a donc précisé ses recommandations qui ont été publiées et adressées aux professionnels concernés.
En substance, pour les femmes porteuses d’un implant mammaire et sans signes cliniques au niveau des seins, le groupe d’experts ne préconise pas de suivi particulier autre que celui qui existe actuellement pour toutes les femmes. A savoir : une palpation des seins par leur médecin ou par une sage-femme tous les ans à partir de 25 ans et une mammographie tous les deux ans (sauf suivi spécifique pour les femmes ayant un risque aggravé de cancer). Par ailleurs, « au regard de ces données, il n’est pas recommandé de proposer une explantation préventive vis-à- vis du risque de LAGC-AIM aux femmes porteuses d’un implant mammaire quel qu’il soit » précise l’Inca.
Face à des signes fonctionnels ou physiques (épanchement, augmentation de volume, douleur, inflammation, masse, ulcération, altération de l’état général) survenant à distance de la phase post-opératoire chez une femme porteuse d’implant mammaire, le diagnostic de LAGC-AIM doit être évoqué. Il est préconisé de réaliser en 1ère intention une échographie à la recherche d’un épanchement autour de l’implant, d’une masse ou d’un épaississement capsulaire et d’explorer les aires ganglionnaires. En cas de découverte à l’imagerie d’un épanchement, une cytoponction doit être réalisée. Devant la découverte d’une masse et/ou en cas d’adénopathie satellite, des prélèvements à visée cytologique et histologique sont nécessaires (biopsie, cytoponction).
Un groupe d’experts a également été mis en place par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) afin d’investiguer plus avant le rôle de certaines prothèses dans l’apparition des LAGC. « Aucune prothèse spécifique, marque ou enveloppe particulière n’a jusqu’à maintenant été mise en cause directement » a précisé la ministre de la Santé, même si les prothèses dites « texturées » (prothèses dont la surface est intentionnellement irrégulière afin de limiter les déplacements involontaires ) semblent davantage en cause
La Haute Autorité de Santé (HAS) a également été saisie pour élaborer des recommandations sur les indications et les contre-indications relatives à la pose d’implants mammaires, les éventuelles restrictions à leur pose et les alternatives possibles. Pour autant, la Ministre a tenu à rassurer les femmes porteuses de prothèses mammaire, rappelant que ces lymphomes sont « très rares » et « dans l’ensemble de bon pronostic ».
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