VIBRIO parahaemolyticus, la cause majeure des gastro-entérites secondaires à l'ingestion de fruits de mer aux Etats-Unis, est une bactérie Gram négatif qui vit dans les eaux chaudes des estuaires. L'origine la plus fréquente de ces infections est la consommation d'huîtres crues ou mal cuites.
En juillet 2004, le « Department of Environmental Conservation » (DEC) de l'Alaska a notifié une épidémie de cas chez des passagers d'un bateau de croisière (78 passagers) qui naviguait aux alentours de Prince William Sound.
Plusieurs passagers ont rapporté la survenue de diarrhées aqueuses durant vingt-quatre heures ; la notion d'une consommation d'huîtres crues la veille de l'épisode a été retrouvée.
On a pu dater au 4 juillet le début de la contamination.
Une investigation rétrospective des passagers a alors été entreprise en remontant jusqu'au 4 juillet. Un total de 132 personnes ont été interrogées, dont 22 ont présenté les critères retenus pour définir l'infection.
On a ainsi retrouvé un taux d'attaque de 29 % parmi les passagers qui avaient mangé les huîtres crues. Un chiffre « particulièrement élevé compte tenu du faible taux de V. parahaemolyticus trouvé dans les fermes marines locales et de la petite quantité d'huîtres ingérées par personne : entre une et six », soulignent des observateurs.
Diarrhée, sang, mucus, douleurs, fièvre.
En plus des diarrhées, les patients ont rapporté des émissions de sang ou de mucus dans les selles, des douleurs abdominales, des vomissements, des myalgies, de la fièvre, des céphalées. L'infection a duré en moyenne cinq jours et personne n'a été hospitalisé. Les souches prélevées étaient positives pour l'hémolysine thermostable, un facteur de virulence observé chez plus de 90 % des souches de V. parahaemolyticus responsables d'infections cliniques, mais présent chez moins de 1 % des souches prélevées dans l'environnement.
Jusqu'à l'été 2004, les eaux qui baignaient l'Alaska étaient trop froides pour permettre le développement de la bactérie à un niveau pathogène, précisent les auteurs. Mais, dans le golfe de l'Alaska, les températures relevées ont été inhabituellement chaudes, dépassant quasiment de 2 °C les moyennes des années précédentes, et au dessus de 15 °C pendant une durée particulièrement prolongée.
Mille kilomètres plus au nord.
Les auteurs commentent la survenue de ce qu'ils caractérisent comme « une grande épidémie d'infections par V. parahaemolyticus à une latitude aussi élevée que 60°, plus de 1000 km au nord de la Colombie britannique. » Un rapport qui élève de 1 000 km la limite nord de la présence d'huîtres vectrices de l'infection.
« Le réchauffement des océans a contribué à cette épidémie, mais on peut aussi incriminer les modifications des migrations animales et les décharges d'eaux de ballast. Il est aussi possible que des épidémies soient passées inaperçues antérieurement. »
Ces observations confirment qu'une élévation de la température au dessus de 15 °C au moment de la récolte des huîtres correspond au seuil au-dessus duquel il existe un risque d'infection par V. parahaemolyticusvia la consommation des huîtres crues, soulignent-ils, recommandant une surveillance des V. parahaemolyticus porteurs de l'hémolysine thermostable. Ainsi qu'une analyse plus précise des facteurs ayant pu contribuer au développement de l'infection.
« New England Journal of Medicine », 6 octobre 2005, pp. 1463-1470.
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