SUR LE FOND, les médecins hospitaliers se disent prêts à s’engager en masse dans la démarche qualité. Mais sur la forme… Entre la FMC, l’EPP et l’accréditation, certains, pour ne pas dire beaucoup, s’avouent perdus. «Usine à gaz», «oeil de Moscou»: les critiques fusent, et les praticiens qui suivent de très près le dossier ont du mal à convaincre leurs confrères. «La plupart des praticiens hospitaliers ne savent même pas ce qu’est une EPP, se désole le Dr Rachel Bocher, psychiatre à Nantes, et membre du Conseil national de la FMC des médecins hospitaliers (Cnfmc). On essaye de leur faire valoir que c’est important. Mais ils n’adhèrent pas car la méthode est floue, et le financement, nul.»«Les collègues voient ça de très loin, observe également le Dr Bruno Mangola, autre membre du Cnfmc, et président de la CME de l’hôpital de Mâcon. Je leur répète que le fait de se former ensemble ne doit pas être vu comme une contrainte, mais comme un plaisir partagé.»
Pour le Dr Mangola, l’articulation entre les différents dispositifs est évidente : «Il ne peut y avoir de FMC sans EPP: je dois prouver que j’applique vraiment ce que j’apprends. Si ce que je fais n’est pas bien, je dois retourner me former.» Le lien avec l’accréditation, qui concernera l’engagement dans une démarche qualité non pas d’un praticien, mais d’une équipe, est certes «plus complexe», reconnaît le Dr Mangola. Reprenant sa casquette de syndicaliste, le Dr Bocher, qui préside l’Inph, réclame une clarification : «Le Cnfmc et la Haute Autorité de santé travaillent chacun de leur côté. On voudrait savoir comment vont s’organiser les choses. Il manque une visibilité politique.»
Dans les textes, les 85 000 médecins exerçant à l’hôpital public sont soumis aux mêmes règles que leurs confrères libéraux. La FMC est obligatoire, de même que l’EPP depuis le 1er juillet 2005. L’accréditation demeure basée sur le volontariat. En théorie, chaque hôpital dispose d’un plan de formation ; dans les faits, les petits établissements en sont souvent dépourvus. Chaque médecin hospitalier dispose d’un droit à congé de formation d’une durée de quinze jours ouvrables par an, cumulable sur deux ans, et rémunéré par l’hôpital (0,5 % de la masse salariale médicale brute en CHU, et 0,75 % en CH). «Ce financement est insuffisant, il faudrait au moins le triple», estime le Dr Bocher, qui attend également la mise en place d’un système d’informatisation pour comptabiliser les points «pour éviter que l’on ait à courir après les certificats prouvant que l’on était bien à tel ou tel congrès».
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