LES CENTAINES d'opérations financées par les 10 milliards d'euros du plan Hôpital 2007 mettent l'accent sur la sécurité et le confort. « Le nombre de bâtiments hors normes va être diminué de façon considérable, et le nombre de chambres à un lit va doubler », observe Vincent Le Taillandier, qui dirige la Mainh (Mission nationale d'appui à l'investissement hospitalier).
Et après 2007 ? Quels seront les besoins en investissement hospitalier, quels moyens y consacrer ? Les pouvoirs publics se posent la question.
Soucieux de recueillir l'avis de tous, Jean Castex, le directeur de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins (Dhos), a animé une table ronde sur ce thème au colloque de la Mainh.
Le constat est partagé : non seulement les besoins en financement existent, mais ils vont en s'amplifiant. Le président du premier groupe français de cliniques privées, la Générale de Santé, en a apporté la preuve chiffrée : « On va investir 8 à 9 % de notre chiffre d'affaires dans les cinq ans à venir, contre 6 à 7 % les années passées », a dit Daniel Bour. L'hôpital public n'est pas en reste. « Personne ne peut imaginer que les investissements s'arrêtent en 2007, d'autant que les besoins continuent à émerger », a pour sa part déclaré Claude Evin, président de la Fédération hospitalière de France (FHF).
En cause, notamment : l'achat de nouveaux équipements, le progrès technique, la modernisation des systèmes d'information hospitalier. Le développement de la médecine ambulatoire, également. « Cela implique de nouvelles normes architecturales, un changement complet de type d'hôpital », note Daniel Bour. Le vieillissement de la population et l'émergence de maladies infectieuses requièrent des aménagements spécifiques, et donc de l'argent, estime de son côté le Dr Francis Fellinger.
Visibilité obligatoire.
Le directeur de la Dhos a pris note de chaque remarque. Son commentaire tombe : « On sent bien que l'état des besoins est réel et que l'effort mérite d'être poursuivi. »
En cœur, les hospitaliers ont réclamé davantage de transparence pour les années à venir. Claude Evin, de la FHF : « Nous avons besoin d'une visibilité rapidement, car cette échéance de 2007 a conduit certains promoteurs à refuser des projets. » Le Dr Fellinger, au nom des médecins hospitaliers : « On nous a impliqués dans la réforme de la tarification à l'activité, il nous faut une visibilité sur les tarifs si l'on veut pouvoir faire des prévisions d'activité ». Daniel Bour, de la Générale de Santé : « Investir, c'est un engagement sur vingt ou trente ans. Or on est dans l'incapacité de connaître nos tarifs dans trois mois. Si on se trompe, c'est le dépôt de bilan. Si on doit refaire un plan Hôpital 2012, il faut absolument relier l'investissement et les tarifs ». Un flou que critique aussi le milieu bancaire : « Aujourd'hui, les banquiers privés sont plus réticents à intervenir sur les cliniques privées en l'absence de visibilité tarifaire », a indiqué Daniel Caille, directeur général de Dexia Crédit local.
La relance de l'investissement va-t-elle s'accompagner d'une plus grande lisibilité sur les tarifs hospitaliers ? L'effort exceptionnel consenti sous la présidence de Jacques Chirac sera-t-il renouvelé lors du prochain quinquennat ? La table ronde n'a pas apporté de réponse. Mais quelles que soient les décisions, Jean Castex a rappelé que les choix en matière d'investissement hospitalier devront prendre en compte les autres réformes en cours, notamment celle de la régionalisation des territoires de santé, conformément au souhait du ministre de la Santé.
Sélection.
Dans la perspective d'un éventuel plan Hôpital 2012, le directeur de la Dhos se demande s'il ne faudrait pas cibler les investissements . « Peut-être faudra-t-il être plus sélectif par rapport au retour sur investissement. » Autrement dit, faire en sorte que chaque euro investi ne serve pas seulement à rénover le système hospitalier, mais aille aussi dans le sens d'une maîtrise des dépenses. C'était le sens de la déclaration du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, le même jour au colloque de la Mainh : « Je crois que nous allons réussir dans les années qui viennent à maîtriser médicalement les dépenses de santé. Pour cela, nous avons besoin de la modernisation de l'hôpital, que nous allons continuer. »
Les hospitaliers ne sont pas contre, à condition de conserver de la souplesse dans le prochain programme d'investissement. « J'ai peur qu'avec les Sros 3 (schéma régionaux de l'organisation des soins de troisième génération, ndlr) , on fige les activités d'un établissement en lui accordant tel investissement », a dit Daniel Bour. Le président de la FHF est du même avis : « Il est nécessaire de pouvoir prioriser les investissements par rapport aux préoccupations territoriales. Mais il est hors de question d'aller dans le sens d'une planification rigoureuse », a conclu Claude Evin.
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