DE notre correspondante
« Maintenir l'excellence et notre place de deuxième CHU de France. » Tel est l'objectif affiché par les Hospices civils de Lyon (HCL) dans leur troisième projet d'établissement, voté par le conseil d'administration.
Etabli sur 2005-2010 et exposé dans un document de 350 pages, il a fait l'objet d'une concertation de grande envergure : « C'est ce qui nous a permis de définir les orientations médicales pour chaque filière et de peaufiner la partie gestion », s'est félicité le Pr Etienne Tissot, président de la commission médicale d'établissement. Ce projet s'inscrit directement dans le cadre de la restructuration, déjà bien avancée, du CHU lyonnais. Imaginé en 1991 par Michel Noir, ancien maire de Lyon, le plan tripolaire se matérialise aujourd'hui par cinq groupements hospitaliers, réunissant dix-sept sites. D'ici à 2009, trois nouveaux bâtiments sortiront de terre : l'hôpital Femme-Mère-Enfant (2007) à l'est de Lyon, le pavillon médical au sud (2008) et le bâtiment clinique au nord (2009), pour un coût total de 337 millions d'euros. L'hôpital Edouard-Herriot, pratiquement condamné à mort en 1993, sera finalement restauré dès 2008 « pour devenir un hôpital moderne, notamment doté d'un grand service de chirurgie plastique, et qui rassemblera les transplantations rénales et hépatiques », précise le Pr Tissot, tout en confirmant que l'orientation architecturale de cet hôpital pavillonnaire, telle que l'a conçue Tony Garnier, sera préservée.
Enfin, une réflexion devrait être lancée sur l'avenir de l'Hôtel-Dieu, un magnifique bâtiment du XVIIe, situé en plein cœur de Lyon.
Proximité, référence, recherche.
A l'image des chantiers en cours, le projet médical sera complété par quelques agencements autour de trois axes, présentés par le directeur général des HCL, Benoît Leclercq : « La mission de proximité au service de la population, la mission de recours et référence, et la mission de recherche et d'innovation, du CHU. » En premier lieu, l'accent devrait être mis sur les besoins récurrents de la population, c'est-à-dire l'urgence, la gériatrie, la prise en charge des cancers et des maladies chroniques. Pour y parvenir, les HCL comptent « fluidifier » les prises en charge en développant les unités posturgence, les unités mobiles de gériatrie, la présence de médecins délégués par grandes spécialités.
Pour assurer leur « mission recours et référence », les HCL poursuivront les efforts d'innovation, déjà financés à hauteur de 1,5 million d'euros chaque année, et soutiendront les prises en charge de pointe. « Notre CHU est déjà le premier centre de lutte contre le cancer en province », a rappelé Etienne Tissot. D'autres spécialisations, plus lucratives, sont envisagées comme la prise en charge des patients obèses, par le biais d'une coopération interrégionale avec le CHU de Clermont-Ferrand et la montée en puissance d'un service de chirurgie bariatrique au centre hospitalier Lyon-Sud. Enfin, la « mission recherche », qui se concentrera sur la cancérologie, la nutrition, ainsi que les neurosciences et le handicap, comportera une dimension extrarégionale avec des développements au sein du Cancéropôle, du projet Etoile (hadronthérapie) - si l'Etat s'engage également et de l'Institut d'épileptologie de l'enfant et l'adolescent.
Déficit.
Qualifié de
« très ambitieux »par certains et de
« fabuleux exercice de langue de bois »par d'autres, le projet devra être soumis à l'Agence régionale d'hospitalisation (ARH) pour approbation. Par expérience, les HCL savent que rien n'est acquis d'avance : en juin 1999, l'ARH avait relevé des
« points faibles »et des
« insuffisances »dans le projet précédent et avait refusé d'accorder son feu vert. Cette fois-ci, le projet paraît solide, «
bien que les aspects prévention et santé publique soient à peine abordés », observe un praticien hospitalier.
De leur côté, les syndicats se demandent si les moyens financiers du CHU seront à la hauteur des ambitions affichées. Le projet devra, en effet, être mis en œuvre dans un contexte budgétaire difficile, marqué par la réforme de la tarification à l'activité.
« Le déficit des HCL s'élève aujourd'hui à 25 millions d'euros »,a annoncé le président du conseil d'administration et sénateur-maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb. Or, même si
« l'augmentation de l'activité de 5,7 % est un signe très encourageant pour notre capacité à relever les défis de demain », comme le soulignent les HCL dans leur rapport d'activité 2004, les syndicats craignent de nouvelles suppressions de postes.
« Si on nous obligeait à appliquer une politique drastique, la cohésion sociale autour du projet ne pourrait plus avoir lieu », prévient Gérard Collomb, qui, à plusieurs reprises, a plaidé la cause des HCL auprès du ministre de la Santé. Et de conclure :
« A chacun de prendre ses responsabilités. »
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